Moins "stoïk" que d'habitude...

J'ai choisi "stoïk" pour pseudo car on m'accorde généralement un tempérament peu irritable et une certaine sérénité, au moins apparente.

Mais ce soir je le suis moins car j'ai un agent qui pète les plombs et me fait perdre beaucoup de temps et d'énergie.

En gros, il est en conflit - violent - avec deux de ses collègues (qui font à peu près le même boulot que lui: informatique, audiovisuel, repro) et il refuse obstinément de leur parler, comme il refuse toute participation à une réunion à laquelle ceux-ci seraient présents. Il laisse par ailleurs entendre qu'il pourrait casser la g. de l'un d'entre eux (je lui ai précisé que je ne le "raterais pas" si un tel évènement devait se produire).

Conséquence : je fais la courroie de transmission entre eux (deux réunions hebdo!) en m'efforçant de trier les informations professionnelles des procès d'intention et mises en cause gratuites.

Evidemment, d'après cet emm.....r, si on en est là, c'est que l'administration (c'est à dire: moi ) a laissé cette situation délétère s'installer en s'accomodant du manque de travail de ses deux collègues. Les mises en causes à mon égard sont implicites, voire ouvertes, et l'individu part en vrille dans une dérive paranoïaque.

Dans son monde à lui :
- ses collègues sont des fainéants invétérés (qu'il a traités de "fonctionnaires dans le mauvais sens du terme" et de "planqués" quand il leur parlait encore, et en présence de l'équipe de direction au complet).
- ceux-ci sont des sournois et verrouillent les ordinateurs en douce en rajoutant des mots de passe pour qu'il ne puisse accéder aux applications dont il a l'usage.
- l'administration (le proviseur, l'adjoint et moi) ne porte intérêt qu'à leur propos à eux sans accorder d'attention à ses idées à lui.
- il s'est dévoué corps et âme pour son boulot et on ne reconnait rien de l'investissement hors-norme qu'il a accordé au service depuis des années.

Ce soir vers 18 heures, alors que je faisais des calculs pour le COFI du lycée, bien concentré dans mon bureau (c'est la bonne heure pour avancer...), il frappe à ma porte pour me signaler un "problème", qui n'aboutit qu'à une mise en cause supplémentaire vis à vis de l'OP audiovisuel qu'il a dans le collimateur. Et il se lance dans son délire habituel. Je lui reproche alors son refus de communiquer avec ses collègues qui altère l'organisation du service. Et là, il se tortille dans tous les sens avec ses tics qui trahissent son agacement et me sort : "bon, j'avais pas envie de faire ça, mais puisque c'est comme ça, je vais taper plus haut!" (le proviseur, le recteur, le ministre? ).

Je l'ai regardé droit dans les yeux, le bras tendu et l'index pointé vers la porte de mon bureau et je lui ai ordonné de sortir.


Mais c'en était fait de ma concentration... et j'en ai ras le bol!

Le problème avec les individus psychorigides, prêts à s'immoler par le feu (j'exagère à peine ) à la moindre occasion contrariante pour eux, c'est que rien n'a prise sur eux, ils se font eux-même plus de mal qu'on ne pourra (ni ne voudra) jamais leur en faire.

Mon propos fait un peu exutoire (j'en suis désolé )... on pourra considérer qu'il s'agit d'une sorte de "témoignage", une scène de vie dans un EPLE comme j'espère ne pas en connaître trop dans ma carrière... mais je n'ignore pas qu'il peut exister bien pire.

Bonsoir à tous...

Pour avoir vécu , voire subi, ce genre de personnage je sais combien cela peut être épuisant, le problème avec ce type de personnalité ce que l'on a trop tendance à vouloir à gérer le conflit qu'il génère à leur place (la boutique doit tourner malgré tout!), à vouloir jouer les intermédiaires on finit par devenir le soi-même le bouc-émissaire, solution: les laisser aller au clash tout seul !! et compter les points....plus facile à dire...

Sinon le maître mot c'est Reconnaissance !! ils sont en demande perpétuelle de reconnaissance ..(trouver le moyen de lui filer une carotte !!!les palmes académiques tiens par exemple ;-)!!)

courage...

mapoulette a écrit:

Sinon le maître mot c'est Reconnaissance !! ils sont en demande perpétuelle de reconnaissance ..(trouver le moyen de lui filer une carotte !!!les palmes académiques tiens par exemple ;-)!!)

Et puis quoi encore ? La médaille du travail ?
Mon idée de la la distinction honorifique, certes désuète, est celle de la reconnaissance de services rendus ou de faits sortant de l'ordinaire.
Même si les palmes sont parfois distribuées à tout va, même si la légion d'honneur sert beaucoup pour des footballeurs vantant des rasoirs ou des assurances, je garde une certaine idée des décorations et je me refuse à utiliser ce moyen pour acheter la paix sociale.

Stoïk :

Winnie a écrit:

Stoïk :

Merci... et bonne nuit

J'ai également la malchance d'avoir un individu sur ce modèle et également sur un poste trop sensible pour qu'on puisse se contenter de le placardiser. Depuis quelques temps, j'adopte une attitude qui me permet au moins d'éviter des interminables litanies mettant en cause ses collègues voués à faire de sa vie un enfer (évidemment, l'intéressé ne réalise pas une seconde qu'il fait un enfer de la vie de ceux qui doivent le subir). Or donc, je prends systématiquement le contrepied de l'importance qu'il accorde aux choses. c'est à dire que quand il met un temps infini à m'expliquer pourquoi la fin du monde est proche si ses collègues continuent à faire ceci ou cela, je balaie le tout d'un revers de la main et le ramène à des détails insignifiants mais en rapport avec son délire en leur accordant une importance disproportionnée.

Il ne s'imagine plus que je me fous de lui mais il est maintenant persuadé que c'est moi le maniaque qui m'égare sur des futilités. En clair, j"ai inversé les rôles. Ca reste très professionnel mais quand je l'interpelle pour la 5ème fois de la semaine sur l'avancement d'un projet...disons... mineur, il est tellement pressé de partir qu'il en oublie de vider sa bile.

Ce n'est pas une panacée mais du coup, il ne vient plus que pour des choses qui sont sans rapport avec ses phobies et avec celles qu'il me suppose. On reste donc sur un terrain neutre et le rendement n'est plus négatif.

Il faut savoir se contenter de peu parfois et quand on maîtrise un peu la psychologie de bazar, on peut même faire avancer les choses même si c'est en crabe.

Juste un mot pour apporter mon soutien à l'ami Stoïk. Je n'ai pas de solutions à proposer mais je crois que le recadrage effectué en le faisant sortir du bureau était bon.

Bien lui montrer qu'un bon fonctionnaire ça doit bien travailler, certes, mais ça doit aussi s'obliger à avoir des rapports non conflictuels avec ses collègues. Bien faire comprendre que le manque de bonne volonté à cet égard peut être sanctionné et que tu n'hésiteras pas à le faire. Ne pas laisser passer sans réagir la profusion d'éventuelles menaces. Prendre le pouls de la position du CE.

Bon courage, le printemps arrive.

Stoïk a écrit:

il refuse toute participation à une réunion à laquelle ceux-ci seraient présents.

Dans ce cas, je lui dirais (ou plutôt lui écrirais) qu'on ne peut pas à la fois demander l'arbitrage du responsable hiérarchique (c'est bien ce qu'il fait quand il vient t'en parler) et refuser les solutions qu'il propose. Faire une réunion où chacun dira son problème, voire sa rancoeur est déjà le commencement d'une solution.
Je menacerais les 3 gugusses d'une demande de sanction à la CT (genre déplacement d'office) justifiée par l'impossibilité de faire tourner le service avec des personnes qui ne communiquent pas.
Bref, il faut absolument reprendre la main et vite.

P.S: L'implication du CE à tes côtés serait un plus.

BUBU a écrit:

Stoïk a écrit:

il refuse toute participation à une réunion à laquelle ceux-ci seraient présents.

Dans ce cas, je lui dirais (ou plutôt lui écrirais) qu'on ne peut pas à la fois demander l'arbitrage du responsable hiérarchique (c'est bien ce qu'il fait quand il vient t'en parler) et refuser les solutions qu'il propose. Faire une réunion où chacun dira son problème, voire sa rancoeur est déjà le commencement d'une solution.
Je menacerais les 3 gugusses d'une demande de sanction à la CT (genre déplacement d'office) justifiée par l'impossibilité de faire tourner le service avec des personnes qui ne communiquent pas.
Bref, il faut absolument reprendre la main et vite.

P.S: L'implication du CE à tes côtés serait un plus.

La menace, oui mais sous réserve que la CT soit connue faisant ce genre de déplacement. Et encore menace imprécise. Sinon à éviter, car cela se sait dans les bahuts par les représentants syndicaux que la CT ne suit pas les directions des bahuts qui demandent déplacements.
Perte de crédibilité de la direction si une fois le pet porté en CT cela ne se traduit que par un classement dans un dossier. Ce sera vécu comme un "classement sans suite" par les protagonistes. La suite sur place en sera compliquée.

SvP

D'accord avec SVP! Il faut bien sûr demander au préalable à la CT quelle est sa position dans cette affaire.
Maintenant, si la CT veut bien payer des gus soit à rien faire, soit à saboter le travail, soit à se taper dessus, c'est son problème.
Si un jour le gars passe du stade des menaces à vraiment casser la gueule à ses collègues, la CT et les collègues ne pourront pas dire que "l'Administration" savait et n'a rien fait.

Pour ma part je convoquerai tout le monde par lettre recommandée. (à un moment bien chiant du genre vendredi après midi ou veille de congés !)

- Noter sur un tableau les faits objectifs
- Noter les décisions prises, faire signer les intéresses
- Si refus = sanction ou rapport + notation à la baisse + courrier de mise en garde
- Informer la hiérarchie par courrier de ce qui se passe.

- Si menaces = main courante auprès de la police, j'ai testé, ça calme...

Je ne sais quoi proposer à part dire que j'ai une porte fermant à clef et que je n'hésite pas à le faire pour m'isoler sur le COFI. On a encore la chance de ne pas connaitre les open space.
Sinon, c'est la période des mutations, leur proposer d'aller voir si l'herbe est plus verte ailleurs, peut être?

Tel que tu décris le personnage, on regrette le "manque" de médecine du travail dans notre beau ministère ...
A ce point là, çà relève au moins autant du suivi médical que du suivi DRH !
Bon courage ...

Merci à tous pour vos suggestions, vos interventions variées montrent l'étendue des sensibilités des collègues sur un type de problème que beaucoup ont rencontré, sous une variante ou une autre.

Une ou deux précisions sur le contexte me concernant :

- la CT est informée verbalement et par écrit, des pistes sont envisagées mais aucune solution satisfaisante n'est encore proposée.

- le CE est aussi irrité que moi et partage en partie le désagrément de la situation. Mais il est plus facile pour lui de tenir un discours ferme car c'est moi qui me paye le "camarade" au quotidien et qui suit le plus confronté à l'évidence de la réalité.

- l'OP en question a un caractère totalement affectif et intransigeant qui le rend imperméable aux menaces de sanction comme aux sanctions elle-mêmes.

La seule solution pour moi, c'est qu'il aille voir ailleurs si j'y suis...

Et je n'y suis pas, puisque je suis ici

pour les palmes académiques je plaisantais!!!!! Avec mon CE nous rêvons parfois à la mis en place dans tous les établissements d'une cellule psychologique permanente...., avec stage de remise en forme à la Verrière pour les plus récalcitrants...

Dans notre cas le soutien du CE est primordial....courage!

Puisque tu parles de "Camarade", Stoïk, j'en ai aussi un qu'on pourrait appeler comme ça.
Ce qu'il faut savoir c'est que nous avons tous notre tendon d'Achille. Pour ma part, j'ai trouvé le sien et l'ai titillé un peu... effet immédiat, mais qui n'est pas sans retour de manivelle... il faut savoir doser.