gestionnaire en zep

Une question que je me pose depuis un moment:
Le travail en zep est il tellement plus compliqué pour un gestionnaire de collège?
Je me suis laissé dire que le taux d'encadrement plus élevé des élèves en zep faisait que travailler dans ce type d'etablissement n'etait pas forcemment plus difficile que travailler dans un collège "normal".
Quelqu'un pourrait il m'eclairer?

gutenberg a écrit:

Une question que je me pose depuis un moment:
Le travail en zep est il tellement plus compliqué pour un gestionnaire de collège?
Je me suis laissé dire que le taux d'encadrement plus élevé des élèves en zep faisait que travailler dans ce type d'etablissement n'etait pas forcemment plus difficile que travailler dans un collège "normal".
Quelqu'un pourrait il m'eclairer?

Le gestionnaire a plus de CPE à disposition. 8)
Mais les incidents peuvent aussi être plus spectaculaires à traiter ensuite versant gestionnaire.
Les profs et CPE qui demeurent et qui s'accrochent à leur ZEP sont souvent intéressants à vivre et il y peut y avoir meilleure ambiance du fait des contraintes locales qui entrainent des solidarités que tu ne retrouveras pas en salle de prof de lycée bien établi de centre ville, où c'est carrière chacun pour soi.
Tu peux, aussi, très mal tomber, les équipes ayant un turn-over parfois très important avec un fort taux de débutants et dans toutes les fonctions.
Le plus souvent on ne s'y ennuie pas, c'est très formateur, tu sais pourquoi tu bosses, l'on ne peut pas y ignorer ce que font les voisins des autres professions.
Une fois retourné dans un zinzin pépère de fond de département agricole ou touristique, tu rigoles longtemps des soucis énôôrmes des autochtones qui se font des montagnes de petites bricoles.

Et il y a quelques primes...

L'IZ va sûrement réagir à cette question.


Bref

Comme beaucoup sans doute, j'ai débuté en ZEP.
A priori, l'aspect "technique" du métier n'est pas bien différent de ce qu'il est ailleurs.
Ce qui change, c'est l'état d'esprit. Le travail qu'on y fait, au contact de la réalité quotidienne, on sait, plus qu'ailleurs, pourquoi on le fait. Ce qui n'exclue d'ailleurs pas qu'il soit mieux reconnu, ni que l'on ne souhaite pas l'exercer ailleurs...
Mais la notion de communauté scolaire prend un tout autre sens dans le contexte, et le métier avec.

je suis en zep et j'ai pas de problème particulier pour l'instant...la vie sco tient bien la route...mais l'an prochain gros turn over à ce niveau alors je prie...VI bien sur!

Voici la réponse promise (sympa, les copains, je me serais bien couché à c'theure-là... )

La ZEP c'est l'occasion de faire des trucs vraiment importants pour les mômes de l'établissement. J'ai commencé ma carrière dans un bahut dont j'ai la conviction que les gamins sortaient sans avoir changé ou appris vraiment. Après quoi j'ai eu l'honneur d'exercer dans un endroit où les élèves de 6e étaient de tels barbares, que les progrès civilisationnels engrangés et visibles chez les 3e m'arrachaient des larmes. Bon, entretemps ils avaient aussi acquis le goût de l'herbe et quelques bonnes manières bien gangsta, mais sincèrement imaginer ces enfants rester assis en écoutant un adulte pendant 55 minutes, c'est un tel émerveillement que l'on a vraiment envie de participer à ce défi. Défi jamais totalement gagné, vous avez bien compris.

Du point de vue de l'intendance : les bourses sont un boulot qu'il faut bétonner au maximum : pas question de laisser cela à un secrétariat "du chef" plus ou moins motivé. Faire rentrer l'argent de la DP est un défi de chaque centime, tous les coups sont bons pour récupérer trois sous. Il faut coatcher les personnels d'entretien et de maintenance pour leur maintenir le moral à flot malgré les cinq graffiti par jour au même endroit. Je recommande un bon entraînement au curage des serrures bouchées au chouinegomme, quand ça s'y met un OP à plein temps ne suffit plus. Sur la stabilité des équipes, évoquée plus haut par les clônes, je ne rappelle qu'une chose : l'année prochaine sera ma 9e année, et mon 9e adjoint administratif (juré craché il n'y en a qu'un seul avec lequel je ne me sois pas entendu à la perfection).

Du côté du relationnel, dans la mesure où les profs sont des Victimes Malheureuses et Souffrantes, évidemment ils ont encore plus raison en tout que d'habitude. C'est assez duraille à avaler, surtout quand ces messieurs-dames oublient quelque peu qu'un document intitulé Réglement Intérieur s'applique dans la maison, et qu'ils sont censés, dans un monde idéal de Bisounours doucereux, faire une réflexion à un élève qui passerait à côté d'eux avec l'équipement complet (j'entends par là casquette + capuche, portable diffusant de la bouillie sonore dans une main et canette de caféine impérialiste dans l'autre).

Il y a un aspect méconnu à ne pas négliger : les fournisseurs aussi sont nuls. Pourquoi donc s'arrêter en si bon chemin ? L'échec total de ces territoires n'est en rien l'apanage de notre Ministère adoré. Vous apprécierez donc cent fois plus le réparateur de photocopieurs qui utilise les pièces détachées vraiment destinées à votre machine et pas à une autre, l'électricien qui est capable d'installer un interrupteur qui n'est pas une contrefaçon et permet à la fois d'allumer et d'éteindre la lumière (pas l'un ou l'autre et l'obligation de courir à l'autre bout de la salle pour faire l'inverse), le tech des alarmes qui ne vient pas tester les sirènes sans rdv pendant les épreuves du DNB... Vous apprendrez à vous accrocher comme une femme jalouse à tout prestataire ou fournisseur un peu capable.

Les petits agréments de la vie de quartier sont variables. Par exemple, dans mon poste actuel et contrairement au précédent, il y a de vrais progrès : tout autant de tas d'ordures posés dans la rue, de préférence sous mes fenêtres, mais ici personne ne fait pipi dessus. Je passe sur les impacts de balles sur les volets des logements de fonction, je n'ai vu cela qu'une fois, n'en faisons pas une généralité.

Bon bref je ne vais pas y passer la nuit, mais globalement, ce qu'on peut retenir, c'est que tout est plus difficile, tout est plus compliqué, tout est plus fragile. Le candidat à la ZEP doit être préparé à l'éventualité d'être seul face à des emm.nuis imprévisibles, continus, graves et variés. Comme partout dans une intendance, mais plus souvent. Beaucoup plus souvent.

Pour enchaîner ce tableau avec un "après la ZEP", je dirais que dans les plus, on peut ajouter de nouvelles compétences dans de multiples domaines; du changement des filtres du système de chauffage avec une prédilection pour celles des cuisines dégoulinantes de graisse pour cause de fournisseur nul comme l'explique l'IZ à l'ouverture de serrure à l'aide d'un trombone plié. La connaissance de tous les postes puisqu'au gré des rotations complètes d'équipe tous les 3 ans, on est obligé de tout savoir. Un sens de la relativisation à grande échelle car quand on a eu droit à une quarantaine pour cause de tuberculose, la petite épidémie de grippette qui alite pour une semaine la moitié des agents, c'est piece of cake. Une source inépuisable de rigolade en entendant les jérémiades de divers personnels généralement cramponnés au même poste depuis des lustres et qui s'effraient de voir les élèves se transformer en voyous dangereux, pour preuve ce grafitti au crayon au coin d'une table avec un coeur rempli d'initiales qui de mon temps mon brave monsieur aurait valu le fouet au milieu de la cour à toute la classe concernée (ainsi qu'à tous les élèves ayant ces initiales à titre d'exemple).

Dans la colonne des moins toutefois, il faut bien avouer qu'après la ZEP, des fois, on s'emm... un peu.

d'accord avec p^resque tout ça que je vis aussi
mais aucun de vous n'a parlé de la vie perso et surtout le problème des enfants
c'est déjà pas facile de travailler en ZEP mais c'est le lot de tous les petits jeunes profs ou gestionnaires
la différence c'est que les profs vont en ZEP avec ou sans motivation et gout de l'effort mais ils ne sont pas obligés d'imposer ça a leur famille et à l'avenir de ses enfants
je sais que ce discours ne plaira pas mais ce n'est pas pour facher mais pour dire une réalité
ce n'est pas moi qui ai dit qu'un cousr écouté en silence c'était mracle et qu'ils avaient appris d'autres choses à la fin
c'est vrai que ces choses sont partout et qu'on n'a rien a gagner a faire croire qu'on peut vivre dans un cocon
les agressions, le chahut en classe, la drogue, et tout lke reste existent partout mais en proportion acceptable, assez pour vivre en mixité et en société
moi c'est le coté manque de mixité de la zep qui me gene pour y vivre avec ma famille
ce qu'il faut c'est pas mettre des milliards dans ces ghettos c'est les détruire en proposant une autre politique de la ville et sociale
mais ça ne pourrait se faire qu'avec des projets d'intercommunalité parce que'à l'échelle d'une ville ou d'un dépatement c'est surtout à celui qui s'en récupèrera moins que le voisin
à grnade échelle comme une grande région, les intérêts perso passeront peut être à la trappe pour promouvoir l'intéret collectif des tous et surtout celui des gens qui vivent en zep et sont bien obligés d'y envoyer leurs enfants à l'école en ne se faisiant aucine illusion
eux aussi ils aimeraient bien que leurs enfants soient moins confrontés à tout ce que j'ai décrit plus haut et qui mène à la reproduction de l'exclusion sociale
mais ils n'ont pas le choix, sauf certains qui font le sacrifice financier énorme de mettre lkes enfants dans le privé éloigné dès la 6emem

Il est bienvenu ce rappel des réalités que vivent de nombreux parents, fonctionnaires ou non ; la disparition de la sectorisation a tué l'embryon de mixité sociale qui pouvait subsister : ici les collèges de la "couronne" sont désertés et ghettoîsés au profit du centre ville .

L'intendant zonard a écrit:

Du côté du relationnel, dans la mesure où les profs sont des Victimes Malheureuses et Souffrantes, évidemment ils ont encore plus raison en tout que d'habitude.

Sauf que rarissimes (et on le comprend aisément) sont ceux qui habitent dans le même environnement que l'établissement; je ne me suis jamais privé de rappeler à mes chers collègues enseignants qui filaient le soir après leurs cours que pour les personnels logés la journée en ZEP n'était pour eux jamais vraiment terminée (et je passe volontairement sur le côté alarme-intrusions) vu qu'ils vivaient sur place et que de ce fait, la connaissance de la réalité concrète vécue par les élèves dans le quartier était plutôt de leur côté...

J'en suis à ma 6ème année de gestionnaire et mon 2ème poste en ZEP/Ambition réussite par choix... Le plus difficile professionnellement, à mes yeux, concerne les créances qui restent impayées. C'est un casse tête permanent où il n'y a pas de solution : les familles sont insolvables et habitent dans des quartiers où les huissiers refusent d'aller...
Au niveau personnel, je reconnais que ça me pèse parfois de vivre dans un bahut assez ancien dans un quartier plutôt difficile... Mais bon, à part ces quelques points, je suis très satisfait de mes choix pro qui m'ont amené à bosser avec une population scolaire dite difficile

Je confirme les problèmes qu'on peut être amené à se poser quant à l'éducation de nos propres enfants-de--pas-profs-mais-c'est-peut-être-pire : ici les personnels cherchent à s'en aller à cause des écoles primaires du coin. Pour les collèges c'est pas brillant mais ça serait tolérable, et le lycée on en est tous fiers, mais vraiment le primaire dans mon quartier c'est abominable. Et cela pousse des gens qui ont la foi du Service Public chevillée au corps à mettre leurs gamins dans des Saint-Truc-de-Machin. Mais à part ça jamais aucun ministre de la Fonction Publique n'a jamais dit que son objectif était de dégoûter les français de leurs services publics.

Je sais N@n@rd, je me répète, mais rien à faire, à la millième fois que je l'aurai ressassé je serai encore très loin d'avoir obtenu justice pour l'affront fait à ma seule personne, sans compter les deux millions de collègues et les 58 millions d'usagers.

L'intendant zonard a écrit:

Et cela pousse des gens qui ont la foi du Service Public chevillée au corps à mettre leurs gamins dans des Saint-Truc-de-Machin. Mais à part ça jamais aucun ministre de la Fonction Publique n'a jamais dit que son objectif était de dégoûter les français de leurs services publics.

j'suis dans ce cas là...

L'intendant zonard qui se cite lui-même en toute humilité a écrit:

Saint-Truc-de-Machin

A Saint-Denis-de-mon-cher-département, il y a JBS : mes élèves m'ont appris que cela signifie Jeune Bouffon Scolarisé. J'adooooore.

Moi quand je passe devant un établissement privé, systématiquement je le maudis en faisant kss kss ! et en pointant l'index et l'auriculaire dans un geste vengeur. Pas vous ?

L'intendant zonard a écrit:

L'intendant zonard qui se cite lui-même en toute humilité a écrit:

Saint-Truc-de-Machin

A Saint-Denis-de-mon-cher-département, il y a JBS : mes élèves m'ont appris que cela signifie Jeune Bouffon Scolarisé. J'adooooore.

Moi quand je passe devant un établissement privé, systématiquement je le maudis en faisant kss kss ! et en pointant l'index et l'auriculaire dans un geste vengeur. Pas vous ?

Vertudieu non !
Pas devant celui-là, voyons...

Il y a là cher Mossieur la future élite française et ce ainsi depuis plus de trois siècles si nous parlons du même lieu !

Bon d'accord, le tri y était sévère pour entrer et la porte de sortie vite désignée - dans la journée si nécessaire, retour vers l'établissement de secteur de la commune des parents - ils n'imaginaient pas que petits génies mais incertains fissent stupidement taches sur le tableau de réussite aux examens.


Par contre on y était très large d'esprit, la G. et, plus rigolo encore l'EG, locales, n'hésitaient pas à toquer à leur porte : que leurs propres marmailles se commettent avec les enfants du peuple des EPLE environnants était insoutenable (pour certains) ...

Fallait pas bouffonner, hein !!



Est-ce toujours pareil ?



8)
Bref

Je poste en invité car localisable facilement... seul LP PUBLIC ( ayant perdu le label ZEP au profit d'uen école primaire...), nous scolarisons les Lost in Migration.... 18 nationalités, encore plus d'ethnies... des cas scolaires plombés... de l'insertion à gogo... le tout dans un contexte de ville hyper friquée : ça stimule les envies ...
j'ai aussi choisi le privé catho pour la descendance, où de nombreux élèves de confession musulmane sont aussi scolarisés.... Ceux qui veulent apprendre le français avant le Serbo-Croate par exemple, ce qui n'est peut être pas un choix stratégique judicieux... à voir si l'Europe....
L'alarme incendie est neutralisée malgré mon désaccord de principe...( la visco prévenue de l'endroit titillé...) c'est vrai que 17 fois en 1 journée, ca coupe le rythme !!!!
Les portes et serrures soumises à fortes sollicitations : toujours choisir la Qualité... parce que retarder l'entré en classe dans une section choisie par défault, c'est tjrs ca de pris.
On gagne de l'argent les jours de viande de boeuf ou poulet à la DP parce que comme c'est pas Hallal, on en passe moins...
On peut recruter plein de médiateur parce on a été identifié comme nécessiteux.....
voici un petit condensé...

gutenberg a écrit:

Le travail en zep est il tellement plus compliqué pour un gestionnaire de collège?

Non. Le risque sur ses biens matériels ou son intégrité physique, oui.

Qui dit ZEP dit souvent dispositif(s) particulier(s) avec nombreux intervenants et financeurs : école ouverte, accompagnement éducatif, crédits MILDT, CESC, ...

Le suivi de ces actions (Mdt/OR) qui se déroulent parfois hors temps scolaire demande donc plus de travail.

La NBI perçue à ce titre est censée compenser cette surcharge de travail, ce qui n'enlève rien aux conditions de vie décrites auparavant.