L'équipement informatique dans les collèges publics a doublé au cours des dix dernières années. La dernière enquête Etic 2014 (1), réalisée sous la co-responsabilité de la direction de l'évaluation de la prospective et de la performance (DEPP) et de la direction du numérique pour l'éducation (DNE) révèle quelques autres transformations et des disparités plutôt inédites.
Un niveau de vétusté encore élevé
La présence d'équipements informatiques dans les collèges ne dit rien sur les pratiques pédagogiques, mais constitue bien un premier indicateur de tendance sur le déploiement du numérique.
En moyenne nationale, le niveau se situe désormais à 22 ordinateurs ou tablettes à usage pédagogique pour 100 élèves, alors qu'il n'était que de 12,7 en 2005, soit environ un terminal pour 4,5 collégiens. Mais la qualité du parc installé doit également être prise en compte. Elle s'évalue en fonction de la nature et du degré d'ancienneté du matériel. Sur ce point, les statistiques sont moins souriantes. La vétusté - ordinateurs de plus de cinq ans - touche 42% du parc ; quant à la proportion de postes mobiles, largement majoritaire dans les foyers, elle ne représente que 17% du total (4 terminaux pour 100 élèves). Une répartition qui laisse supposer que les équipements, en majorité fixes, sont installés dans des salles dédiées et pour des usages spécialisés (cours de langues, chimie, informatique, études…) et ne permettent pas d'assurer un usage plus permanent du numérique, pendant les cours et en y associant les élèves. Point confirmé par la faible contribution des classes mobiles, "encore peu répandues" ; leurs équipements ne représenteraient globalement que 2 terminaux pour 100 collégiens. Or, l'enjeu aujourd'hui est bien d'intégrer le numérique de manière plus permanente dans l'activité pédagogique, donc dans les classes.
La classe au centre des nouveaux équipements
Si les séries statistiques font encore apparaître des faiblesses dans l'homogénéité de l'équipement de la classe, l'accélération et les transformations sont désormais visibles. Les infrastructures réseau sont en voie de généralisation : 92% des établissements disposent d'une connexion internet dans plus de la moitié des salles de classe. Et le parc installé évolue rapidement, de manière à favoriser un nouveau seuil d'intégration du numérique. Ainsi le nombre des terminaux portables a quasiment doublé entre 2009 et 2014, passant de 1,8 à 3,7 unités pour 100 collégiens, le vidéo projecteur fait désormais partie de l'équipement standard des salles de classe (1 équipement pour 32 élèves) et l'équipement des tableaux blancs interactifs (TBI) a progressé de 150% au cours des trois dernières années (1 équipement pour 90 élèves). Cette transformation s'est également traduite par l'amélioration de la performance des connexions à Internet. La proportion des collèges disposant d'un accès supérieur à 10 Mbps a doublé entre 2010 et 2014, passant de 11,7% à 22,4% des établissements.
Le cheval de Troie du numérique
L'ordinateur est le "cheval de Troie" du numérique. Plus sa présence est répandue et plus il contribue au déploiement du numérique dans l'établissement. Ce constat est largement confirmé par l'étude. Les collèges disposant du nombre d'ordinateurs par élève le plus élevé sont aussi ceux qui disposent le plus des autres outils. Ils bénéficient du taux le plus élevé de terminaux récents pour cent élèves, soit 24,9 contre 11,8 (pour le seuil médian), du plus grand nombre de terminaux portables pour cent élèves (8,8 contre 1,7), du plus grand nombre de vidéoprojecteurs (45,3 contre 37) et du plus grand nombre de tableaux blancs interactifs (30,3 contre 8,2).
Collèges en tête : petits, ruraux et en zone prioritaire
Autre fait, plus inédit, révélé par les statistiques : ce sont les petits collèges (moins de 300 élèves), les collèges ruraux et ceux qui sont classés en éducation prioritaire qui disposeraient du niveau d'équipement le plus élevé. Les collèges ruraux sont notamment mieux pourvus en terminaux et en vidéoprojecteurs que les collèges de zones urbaines. Même constat dans les collèges d'éducation prioritaire, qui bénéficient d'un équipement informatique et numérique légèrement plus important que les autres en postes par tranche de 100 élèves (24 contre 22 en moyenne), en terminaux mobiles (19 contre 16) en vidéoprojecteurs et en TBI. Cette inversion, notamment par rapport à la tendance dans le primaire, généralement moins bien équipé en milieu rural qu'en milieu urbain, tient sans doute au rôle péréquateur joué par les départements, ce que toutefois les statistiques ne permettent de confirmer. Seul l'accès au haut débit suit une logique légèrement inversée puisque, cette fois, les collèges implantés en milieu urbain intermédiaire bénéficient des meilleurs niveaux de connexion. Mais il s'agit surtout d'une question d'offre territoriale, le monde rural étant structurellement moins bien desservi. Toutefois, là également, le rôle et l'action des conseils généraux est perceptible, les écarts restant globalement faibles. L'amplitude moyenne des collèges connectés à plus de 10 Mbps ne varie que de 3,3% entre les plus ruraux (20,1%) et ceux qui sont situés dans des unités urbaines de moins de 20 000 habitants (24,7%).
Deux inconnues : le nouveau plan et la réforme territoriale
Malgré des progressions spectaculaires, l'enquête confirme aussi à demi-mots des insuffisances encore flagrantes. Les progrès sont indéniables mais la comparaison avec les voisins européens reste défavorable à la France. La qualité peine encore à suivre avec un matériel souvent vétuste, ou insuffisamment déployé, comme les TBI, les terminaux portables ou les classes mobiles. En addition, il convient de poser aussi la question des usages. L'étude Profetic 2014 réalisée sur les professeurs pointait des insuffisances, en particulier la sous exploitation des ressources existantes pour tous les matériels - en dehors des ordinateurs et du matériel de vidéo projection -, la taille trop importante des groupes d'élèves (58%), l'équipement informatique insuffisant (47%) ou obsolète (46%) et le débit, comme principaux obstacles à l'usage plus intensif de l'informatique dans les collèges. On le voit, beaucoup reste à faire sur ce grand chantier. Le nouveau plan national en préparation est certes attendu mais, dans le contexte de contrainte budgétaire actuel, il ne faut pas s'attendre à des miracles. L'autre inconnue reste l'impact de la réforme territoriale en cours, les transferts de compétences et le temps nécessaire à la mise en place de la nouvelle organisation au niveau régional.
la note d'information de la DEPP - janvier 2015
synthèse de l'enquête PROFETIC
source : lettre Localtis du 7 janvier 2015
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"Mad Max en Père-la-Vertu, on aura tout vu !!!" (Tavi Lou Pastou, 10 avril 2013)
"Comme pertinemment indiqué par mon vieux pote Mad Max (le lapin rouge, le 25 octobre 2021, mais comme dirait Obélix, je ne suis pas vieux !)