”Gentil Intendant” a écrit:

J’ai lu les propos d’Alain avec attention… c’est un peu facile. S’il suffisait de vouloir très fort quelque chose, et de faire toutes les actions nécessaires pour l’obtenir à coup sûr… parfois, ça ne marche pas, même avec toute la bonne volonté du monde, d’autres fois, ça marche sans qu’on sache trop comment. Il y a une part de chance qu’il faut savoir accepter.Et puis, lui, il avait réussi non? Normalien, agrégé, prof de khâgne à Henri-IV…

Alain n’est pas toujours à prendre au pied de la lettre, il faut simplement en retenir la philosophie générale. C’est lui qui écrivait qu'il faut toujours se dire : « Ce n’est point parce que j’ai réussi que je suis content ; mais c’est parce que j’étais content que j’ai réussi. ». Alain explique et illustre, tout au long des pages de Propos sur le bonheur, que la réussite, le bonheur, bref, toutes les choses positives qui nous arrivent, ne sont pas seulement le fruit du hasard mais aussi, pour beaucoup, le résultat de notre volonté. Il est plus facile de se plaindre et d'accuser le destin – voire les autres – de tous nos malheurs plutôt qu'aller de l'avant.
Il y a des cas objectifs de malheur où notre volonté ne peut pas grand chose, mais ce n'est pas la majorité. La plupart du temps, notre bonheur relève vraiment de notre volonté, de cette gymnastique de l'esprit que préconise Alain.
Un autre extrait :

Alain a écrit:

XX
Humeur
21 décembre 1921

Selon le système de l’exaspération, rien n’est meilleur que de se gratter. C’est choisir son mal ; c’est se venger de soi sur soi. L’enfant essaie cette méthode d’abord. Il crie de crier ; il s’irrite d’être en colère et se console en jurant de ne pas se consoler, ce qui est bouder. Faire peine à ceux qu’on aime et redoubler pour se punir. Les punir pour se punir. Par honte d’être ignorant, faire serment de ne plus rien lire. S’obstiner à être obstiné. Tousser avec indignation. Chercher l’injure dans le souvenir ; aiguiser soi-même la pointe ; se redire à soi-même, avec l’art du tragédien, ce qui blesse et ce qui humilie. Interpréter d’après la règle que le pire est le vrai. Supposer des méchants afin de se condamner à être méchant. Essayer sans foi et dire après l’échec : « Je l’aurais parié ; c’est bien ma chance. » Montrer partout le visage de l’ennui et s’ennuyer des autres. S’appliquer à déplaire et s’étonner de ne pas plaire. Chercher le sommeil avec fureur. Douter de toute joie ; faire à tout triste figure et objection à tout. De l’humeur faire humeur. En cet état, se juger soi-même. Se dire : « Je suis timide ; je suis maladroit ; je perds la mémoire ; je vieillis. » Se faire bien laid et se regarder dans la glace. Tels sont les pièges de l’humeur.

C’est pourquoi je ne méprise pas les gens qui disent : « Voilà un froid sec ; rien n’est meilleur pour la santé. » Car que peuvent-ils de mieux ? Se frotter les mains est deux fois bon quand le vent souffle du nord-est. Ici, l’instinct vaut sagesse et la réaction du corps nous suggère la joie. Il n’y a qu’une manière de résister au froid, c’est d’en être content.

Jacques Prévert aussi l'avait bien compris (cf. ma signature )

Autrement dit, grâce à la méthode Coué, un larbin malheureux peut devenir un larbin heureux.

Il faut juste s'en persuader.

Sauf que les responsabilités et la charge de travail sont, en l'espèce, celles d'un cadre.

Si l'on sort les choses de leur contexte, on peut effectivement leur faire dire n'importe quoi. Merci donc de ne pas perdre de vue la phrase dont je partais pour citer Alain :

Statis a écrit:

Devient chef, change d'administration, crée ta boite. La vie est devant toi.
; - )

St .

Si on suit le raisonnement d'Alain jusqu'au bout, on a effectivement le choix, soit d'être un larbin heureux, soit de prendre le taureau par les cornes et de changer de job pour trouver son bonheur ailleurs.

Je ne nie absolument pas qu'en l'espèce, les responsabilités et la charge de travail sont celles d'un cadre. Dans ses propos, Alain ne nie pas non plus les réalités objectives de ce genre de choses. Il dit seulement que si la personne persiste dans son malheur, c'est parce qu'elle n'avait pas vraiment la volonté d'en changer.
Ici, s'il n'est pas possible de changer le fait d'être un larbin dans ce job, alors il faut changer de job. C'était le propos de Statis, sur lequel je rebondissais avec Alain. Mais si l'on reste, il ne faut pas se plaindre. Pas plus qu'à Alain on ne me fera croire que le colonel voulait être général...

Hippos a écrit:

Mais si l'on reste, il ne faut pas se plaindre.

Le post de l'invité aura au moins servi à ce qu'un bon nombre d'entre nous en apprenne un peu plus sur Alain ; il faut en remercier Hippos. Autrement, nous nous sommes fait plaisir à dire avec des mots différents, sur deux pages, la même chose. Pour un troll (jamais repassé sur ce fil). Que je suis le premier à n'avoir pas détecté.

Pour un troll ? Je ne pense pas. À mon avis, il s'agissait simplement d'un coup de gueule. L'invité avait besoin de se défouler. Mais comme il n'a pas trouvé l'écho escompté – au contraire – il n'avait pas motif pour revenir. (Ou plus exactement, pour revenir de cette façon-là, car il est revenu).

Hippos a écrit:

Ici, s'il n'est pas possible de changer le fait d'être un larbin dans ce job, alors il faut changer de job. C'était le propos de Statis, sur lequel je rebondissais avec Alain. Mais si l'on reste, il ne faut pas se plaindre. Pas plus qu'à Alain on ne me fera croire que le colonel voulait être général...

Moi je dirais plutôt qu'il faut changer les conditions de travail pour que personne ne soit le larbin d'un autre ( ne me dites pas que c'est impossible vous seriez bien pessimistes !) , vision socialiste du monde mais payant à long terme car le bonheur n'est pas seulement une question de volonté individuelle c'est aussi un chemin collectif ... A chacun de contribuer à sa manière sur cette voie . Bon soleil d'été à tous

nous sommes tous les larbins des plus haut placés que nous  

Pas d'accord, Dup', pas tous.

Certains chefs nous considèrent et traitent effectivement comme des larbins. Mais pas tous. J'ai pour ma part la chance d'avoir toujours travaillé avec des chefs qui n'avaient pas besoin de rabaisser leurs collaborateurs pour se sentir chef et qui les traitaient au contraire avec le plus grand respect et même beaucoup d'égard.

Mais je crois qu'on s'éloigne un peu du sujet initial car, même si l'invité "Soutier" parlait du mépris dont il nous estime victime, il donnait l'impression que c'est plutôt la question de la rémunération qui le fâche le plus.

Hippos a écrit:

Pas d'accord, Dup', pas tous.

Certains chefs nous considèrent et traitent effectivement comme des larbins. Mais pas tous. J'ai pour ma part la chance d'avoir toujours travaillé avec des chefs qui n'avaient pas besoin de rabaisser leurs collaborateurs pour se sentir chef et qui les traitaient au contraire avec le plus grand respect et même beaucoup d'égard.

Mais je crois qu'on s'éloigne un peu du sujet initial car, même si l'invité "Soutier" parlait du mépris dont il nous estime victime, il donnait l'impression que c'est plutôt la question de la rémunération qui le fâche le plus.

Je partage ton avis sur ce fil. Cela m'a même donné envie d'aller rechercher au grenier Alain, injustement remisé. Lecture de vacances donc.

St .

Merci, ami Hippos trop peu revu AFK, pour tes citations parfaitement senties et adaptées, effectivement il y a de quoi vouloir en faire l'une des lectures de l'été.   

Gentil Intendant a écrit:

J'ai lu les propos d'Alain avec attention... c'est un peu facile. S'il suffisait de vouloir très fort quelque chose, et de faire toutes les actions nécessaires pour l'obtenir à coup sûr... parfois, ça ne marche pas, même avec toute la bonne volonté du monde, d'autres fois, ça marche sans qu'on sache trop comment. Il y a une part de chance qu'il faut savoir accepter.

La chance est une attitude. Un beau jourr, j'ai décidé d'avoir de la chance, et plus jamais elle ne m'a manqué. Il est indispensable de rester à l'affût de tout ce qui est intéressant, et d'en prendre bonne note. J'ai pris cette disposition d'esprit après quelques alertes assez sévères lors desquelles je me suis rendu compte que j'avais laissé passer le train, et j'ai voulu que cela n'arrive plus jamais.

Gentil Intendant a écrit:

Et puis, lui, il avait réussi non? Normalien, agrégé, prof de khâgne à Henri-IV...

Si tu comptes ne pas accepter de consulter les idées d'autres mentors que Mimile, SDF dans le quartier de la Chapelle (et qui n'a pas pu s'y acheter une Rolex d'ailleurs tellement c'est galère), je ne suis pas certain que tu dépasses rapidement tes problèmes immédiats. En ce qui me concerne, ma principale référence (avec les Shadoks), ce sont les Pensées pour moi-même de Marc-Aurèle. Un empereur de Rome, en toute simplicité.

Barbalala a écrit:

Autrement dit, grâce à la méthode Coué, un larbin malheureux peut devenir un larbin heureux.

Il faut juste s'en persuader.

Sauf que les responsabilités et la charge de travail sont, en l'espèce, celles d'un cadre.

Si tu as les responsabilités et la charge de travail d'un cadre, alors tu n'es pas un larbin, sauf à construire toi-même cette situation. Il y a des choses qui dépendent de nous et des choses qui ne dépendent pas de nous (là c'est pas Marc-Aurèle, c'est Epictète). L'image qu'on a de soi-même est entièrement dépendante de nous-mêmes. Je vais gagner mon point Godwin, mais les internés des camps nazis qui ont le mieux passé l'épreuve sont ceux qui ont résisté à l'entreprise de déshumanisation à leur encontre.

Anonymous a écrit:

nous sommes tous les larbins des plus haut placés que nous  

En tant que fonctionnaires, nous sommes les larbins de l'Etat, du Service Public, et ceux qui sont placés au-dessous de nous, ce sont les Citoyens représentés par des Elus. L'une des clés de ma manière d'encadrer les personnels, c'est toujours de le leur rappeler, parce qu'à mes yeux au moins, c'est toute la noblesse de notre situation, et toute sa dignité. Moi je ne supporterais pas d'être l'un des rouages d'une machine à rapporter du fric à des actionnaires.

Dup' a écrit:

nous sommes tous les larbins des plus haut placés que nous  

J'espère sincèrement que ça n'est pas la pensée de mes collègues et je n'ai absolument pas ce sentiment vis à vis de mes supérieurs, gare aux raccourcis faciles.

L'intendant zonard a écrit:

En tant que fonctionnaires, nous sommes les larbins de l'Etat, du Service Public, et ceux qui sont placés au-dessous de nous, ce sont les Citoyens représentés par des Elus. L'une des clés de ma manière d'encadrer les personnels, c'est toujours de le leur rappeler, parce qu'à mes yeux au moins, c'est toute la noblesse de notre situation, et toute sa dignité.

Je crois que tout est dit et que quand on sort des concepts abstraits il reste en effet la mission première qui concerne les élèves et qui devrait l'emporter sur tout les autres considérations ...  

Soutier a écrit:

Maudit soit le jour où j'ai choisi d'être AAENES à la sortie de l'IRA.

J'en ai marre d'être un larbin, marre de voir passer les feuilles de salaire des autres, où je m'aperçois que je suis un pas grand_chose à l'échelle de mon bahut, marre d'exploser chaque année le nombre d'heures, parce que je suis seul dans mon service, et ce sous prétexte de servir l'intérêt public. Le service public ne remplit pas mon caddy de supermarché, ne me permet pas de partir sous les tropiques comme certains perdir.

Je suis cadre! La bonne blague, cadre pour les em...des, les réunions à la   , ça oui, par contre pour les avantages financiers, que dalle...

J'en ai vraiment plus qu'assez de tout ça, d'être méprisé de toute part, par tout le monde. Je ne vois aucune perspective d'évolution dans ce métier, et après m'être renseigné, j'ai compris qu'apparemment être passé par l'EN c'est comme être un lépreux pour les autres ministères...
Des gens avec qui j'étudiais sont devenus sous-préfets, inspecteur des finances, administrateurs civils, magistrats, ils doivent émarger à plus de 5000 euros là ou moi, je peux espérer moins de 3000 (peut être) en fin de carrière, dans un bahut miteux de troisième zone.

Oui, maudit soit ce jour. J'ai raté ma vie et je ne peux plus rien y faire.

houlà    ..zen, respire et prend le temps de revoir tout ce que tu as réussi à accomplir jusqu'ici..dire que l'on a raté sa vie, c'est vite dit! En espérant que cela ne soit qu'une mauvaise passe!