un autre exemple de cette jurisprudence :
Dans un arrêt du 20 juin 2013, la cour administrative d'appel applique la jurisprudence Commune de Béziers (Conseil d'Etat, 28 décembre 2009, n°304802) : lorsqu'un marché public est illicite ou présente un vice d'une particulière gravité, le principe de loyauté des relations contractuelles ne peut être invoqué et le litige relatif à l'exécution du marché ne peut être réglé sur le terrain contractuel.
Dans les faits, un marché à bons de commande de fournitures a été conclu entre une commune et une société. Ayant relevé des surfacturations pour plusieurs commandes, le maire a informé la société qu'il "refuserait toute nouvelle livraison de sa part, qu'il l'invitait à reprendre les fournitures déjà livrées et ne procéderait à aucun paiement". Le fournisseur saisit alors le tribunal administratif de Fort-de-France afin d'engager d'une part, la responsabilité contractuelle de la commune pour obtenir le règlement des ses factures et d'autre part, sa responsabilité quasi-délictuelle et quasi-contractuelle pour être indemnisée du préjudice qu'elle estime avoir subi. Le tribunal rejette sa demande et la société interjette appel.
En cas d'irrégularité grave, pas d'application du contrat
En cas de litige portant sur l'exécution d'un contrat, le juge doit, depuis l'arrêt Commune de Béziers, faire application de celui-ci au regard du principe de loyauté des relations contractuelles. Toutefois, lorsque le juge constate "une irrégularité invoquée par une partie ou relevée d'office par lui, tenant au caractère illicite du contrat ou à un vice d'une particulière gravité (…) il doit écarter le contrat et ne peut régler le litige sur le terrain contractuel". En l'espèce, le marché a été passé sans aucune publicité ni mise en concurrence, mesures auxquelles il devait obligatoirement recourir. De plus, les fournitures ont été facturées "à des prix manifestement excessifs", et les bons de commandes ont été "signés sans consultation de l'assemblée délibérante sur les éléments essentiels du contrat".
En parallèle, une plainte a été déposée devant le tribunal de grande instance par le maire de la ville en raison des "soupçons de collusion entre un conseiller municipal" et la société.
Ainsi, au regard de la gravité des illégalités commises et compte tenu de ces circonstances particulières, la société requérante ne peut "utilement invoquer l'exigence de loyauté des relations contractuelles" pour faire application du contrat. Le litige ne peut être réglé sur le terrain contractuel.
Faute de la société requérante, pas de responsabilité quasi-délictuelle
Lorsque la nullité d'un contrat résulte d'une faute de la personne publique, le cocontractant peut obtenir des dommages et intérêts pour le préjudice subi. En l'espèce, la commune a commis une faute en émettant irrégulièrement des bons de commande. Toutefois, la cour administrative d'appel a jugé que la société a commis elle-même une faute en "se prêtant volontairement à la conclusion de contrats dont, compte tenu de son expérience, elle ne pouvait ignorer l'illégalité". Cette faute constituant "la cause directe de son préjudice", la société ne peut être indemnisée sur un fondement quasi-délictuel.
CAA n° 11BX02368 ici
source : lettre Localtis du 5 juillet 2013
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"Mad Max en Père-la-Vertu, on aura tout vu !!!" (Tavi Lou Pastou, 10 avril 2013)
"Comme pertinemment indiqué par mon vieux pote Mad Max (le lapin rouge, le 25 octobre 2021, mais comme dirait Obélix, je ne suis pas vieux !)