Hommage à un instit'

Aujourd’hui je ressens un mélange de tristesse et de colère et je  voudrais attirer l’attention sur ce « fait divers ».
 
« Visé par la plainte d’une mère de famille qui l’accuse de violence sur son fils, un instituteur de l’école Flammarion d’Eaubonne s’est donné la mort. La communauté scolaire est sous le choc.
Jean Willot, âgé de 57 ans, qui s’apprêtait à prendre sa retraite, a mis fin à ses jours après avoir été visé par la plainte d’une mère d’élève. Elle dénonçait des violences que l’enseignant aurait exercées sur son fils scolarisé en primaire, quelques jours plus tôt. Ces violences se sont avérées par la suite très légères, les traces constatées se limitant à une griffure dans le dos. Mais très affecté, l’enseignant n’aurait pas supporté ces accusations, ce qu’il confie dans un mot retrouvé sur lui, et d’autres, adressés à ses proches.
L’irréparable trouve son origine dans un banal incident survenu dans un escalier de l’école mardi 12 mars. Selon nos informations, l’enseignant demande à un élève de ne pas rester assis sur les marches. L’écolier aurait répondu, l’enseignant demandant à nouveau à l’enfant de bouger avant de le tirer par un bras, lui faisant descendre quelques marches.
Cela conduit la mère de l’élève à déposer plainte contre l’enseignant pour violences aggravées sur mineur. L’enseignant en apprend l’existence jeudi dernier par la direction de l’école. Il apprend aussi à cette occasion qu’il est convoqué le lendemain à l’inspection académique du Val-d’Oise. C’est dans ces circonstances que le vendredi matin, il conduit son épouse à la gare avant de lui indiquer qu’il allait courir en forêt de Montmorency pour « s’aérer la tête ».
 
Il m’est arrivé d’agripper par le bras un élève incorrect qui refusait d’aller à la Vie scolaire et d’être confronté à la même réaction indignée de l’élève et aux « reproches » de mon CE à qui je relatais l’incident pour avoir retenu l’élève. C’est là que j’ai compris qu’à l’image de la société, l’école était bien malade.

http://www.leparisien.fr/val-d-oise-95/val-d-oise-soupconne-de-violence-l-enseignant-met-fin-a-ses-jours-20-03-2019-8036388.php

C'est effectivement révélateur d'un changement de paradigme par rapport à la position qu'occupe l'Ecole.
C'est en corrélation avec la défiance croissante de l'Institution et la judiciarisation de la société.
Cela montre que nous sommes incapables de gérer les individualités au détriment du collectif, finalement faire de l'humain, ce qui devrait être le cœur des missions d'un enseignant dans ce service public.
On pourrait en débattre de longues heures, les exemples sont légion. 

Malheureusement, dans cette commune, ce type d'attitude des parents est un sport local.

Pourquoi, au delà de la tristesse, ne suis-je même plus surpris ?
Il y a longtemps que je ne me mêle plus d'action "éducative", même quand je surprends des actes répréhensibles, parce que c'est nous qu'on accusera de mal faire dans ce cas, si ça dérape.
Zéro soutien de l'institution.
Alors, on détourne la tête.

même si cela n'enlève rien à la tristesse que l'on ressent à la lecture de ce qu'il s'est passé, je ne suis pas aussi catégorique sur les raisons de ce geste. 

ayant été touchée personnellement par le suicide d'un très proche (mais ça, ça ne me rend en aucun cas experte en la matière),selon moi, un seul facteur ne peut être la seule cause d'un suicide. la plainte de la famille a certainement été un facteur aggravant d'une situation personnelle et/ou professionnelle "fragile"

on ne sait pas si l'institution aurait soutenu ou non l'enseignant vu que le drame s'est produit avant le rendez-vous à la DSDEN

Quand je pense qu'à l'époque où j'étais surveillant d'internat, je faisais des "descentes" dans les chambres, garçons ou filles sans distinctions, à n'importe quelle heure de la nuit. Et que cela ne faisait pas de problème, ni aux élèves, ni aux parents, ni à l'institution.

Et que maintenant, en tant que GM, je n'ose même pas recevoir seul un élève dans mon bureau la porte fermée...

Et pourtant, il n'y a que 11 petites années entre les deux.