L'évaluation des 23 premiers "collèges connectés", qui ont tenté l'expérience dans le cadre de la stratégie "faire entrer l'école dans l'ère du numérique", viennent de faire l'objet d'une publication. Réalisée en mai 2014 par le Direction de l'évaluation de la prospective et de la performance de l'Education nationale, cette évaluation visait à mieux connaître et comprendre l'usage du numérique par les enseignants et les élèves, dans le but d'améliorer l'efficacité des dispositifs en place.
Pour des raisons de cohérence tenant à leur différence de fonctionnement et d'équipement, les collèges ont été classés en deux groupes. Dans le premier – 11 collèges - les enseignants ont un usage avancé des outils numériques (groupe A) tandis que dans le second - 12 collèges - ils sont plus en retrait avec une intégration du numérique encore assez peu développée (groupe B). Cette distinction permet de mettre plus fortement en relief les différences de pratiques, de perception des outils et d'usages de deux groupes ne disposant pas des mêmes moyens pour travailler.
16% des enseignants disent utiliser les manuels numériques
Plus l'équipement se généralise et plus la perception du numérique est positive. Un constat qui se vérifie sur le lieu de travail. Ainsi les salles de cours ordinaires équipées en permanence d'un vidéo projecteur ou d'un tableau numérique interactif sont plus souvent citées comme "lieux d'enseignement" que les salles multimédias elles-mêmes.
Même constat à propos des manuels numériques. Si, dans l'ensemble, 16% des enseignants disent les utiliser en version simple, les enseignants du groupe A sont les plus nombreux à utiliser une version multimédia enrichie (24% contre 13%). Interrogés sur les freins techniques susceptibles d'entraver l'intégration du numérique, près de la moitié mettent l'accent sur l'insuffisance du débit ainsi que sur les faiblesses de l'organisation matérielle et de l'assistance aux utilisateurs.
L'intégration du numérique passe mieux avec quelques enseignants "moteurs"
Si l'équipement est essentiel, la présence de quelques enseignants "moteurs" compterait aussi pour beaucoup dans l'évolution des pratiques pédagogiques, estiment une majorité des enseignants interrogés (64%). Ils constitueraient en quelque sorte le bon catalyseur et une condition quasi nécessaire.
Parmi les autres facteurs d'intégration du numérique, les professeurs pointent encore le soutien et l'encouragement apporté par le chef d'établissement (56%), l'inscription explicite du numérique dans le projet d'établissement (50%) ou la possibilité de travailler en équipe (49%). Tandis que le passage au très haut débit n'arrive qu'en huitième position (41%).
Des enseignants "très favorables" aux plus "dubitatifs"
La représentation du numérique par les enseignants apporte aussi quelques confirmations sur leur état d'esprit. A ce sujet, les analystes font émerger quatre catégories d'enseignants : les très "favorables" (24%), les "favorables" (26%), les "modérés" (35%) et les "dubitatifs" (15%). Notons qu'en rassemblant d'un côté les plus favorables et de l'autre les moins enthousiastes on obtient une parité parfaite.
Plus que l'âge, le sexe ou l'ancienneté dans le métier, ce serait avant tout la mise en place de pratiques pédagogiques permettant d'utiliser efficacement le numérique à l'école qui construirait la représentation que s'en font les enseignants.
Autre constat qui ne fait que confirmer une évidence : les enseignants les plus favorables au numérique sont ceux qui ont la plus longue expérience d'utilisation, ce sont aussi ceux qui évoluent le plus rapidement vers des modalités d'apprentissage actif des élèves. Cette représentation est aussi liée à la discipline de l'enseignant : le professeur de technologie sera plus réceptif et favorable au numérique (70%) que son collègue de français (45%).
Un impact limité sur les résultats scolaires
S'il n'y a pas de véritable conclusion - il est encore trop tôt pour cela - les auteurs de l'étude relèvent quelques points saillants mis en évidence par l'étude. D'abord, le dispositif "collèges connectés" serait arrivé à un moment favorable, alors que l'accélération des pratiques était déjà amorcée.
Par ailleurs, les chefs d'établissement et les enseignants auraient des différences d'appréciation sur le numérique et son impact. Les premiers mettent l'accent sur le renforcement des échanges professionnels, alors que les seconds les perçoivent mais dans une moindre mesure. Plus d'un quart des professeurs mentionnent le développement de blocages chez certains enseignants alors que les chefs d'établissement n'en font pas mention.
L'impact du numérique sur les résultats scolaires serait limité estiment les enseignants. En revanche, il favoriserait le développement des compétences des élèves et notamment la maîtrise de l'outil numérique (84% des enseignants le pensent), la capacité à rechercher des informations (81%) et l'apprentissage du travail collectif (61%). De leur côté, les élèves disent se mettre plus facilement en activité dans la classe, se sentent plus concernés et participeraient plus facilement à l'écrit. 67% déclarent trouver les cours plus intéressants et 55% se sentiraient plus à l'aise dans la classe.
la synthèse de l'évaluation
source : lettre Localtis du 28 janvier 2015
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"Comme pertinemment indiqué par mon vieux pote Mad Max (le lapin rouge, le 25 octobre 2021, mais comme dirait Obélix, je ne suis pas vieux !)