Bonjour
Petite contribution au fil.
J'ai dans mon précédent poste eu le cas d'un de mes cuisiniers (je subodore que le second l'était aussi mais cela se voyait moins) qui était alcoolique et se trouvait régulièrement en état d’ébriété pendant son service, mais comme il était tellement imbibé que ça ne se voyait que quand il forçait la dose. En prime il était épileptique et compte tenu de son alcoolisme prenait quand il y pensait ses médicaments. Il a été retrouvé plusieurs fois dans la chambre froide ou alors dans le fossé en sortant du lycée. Bien évidemment la qualité du service s'en ressentait et les c... faites ont été plus que nombreuses et malgré les engueulades et autres avertissements la situation a duré pendant quelques années. Je passe sur les courriers fait pour commencer à l'Etat avant la décentralisation puis à la Région pour signaler que son service se dégradait et qu'il était nécessaire de le muter dans l'intérêt du service. Premier electrochoc un passage devant le conseil de discipline de la Région qui a fini par le mettre à pied une journée. A cette occasion il est venu me voir pendant plusieurs heures pour comprendre ce qui lui arrivait et me demander de venir l'assister. Comble de l'ironie j'avais monté le dossier administratif et demander des sanctions contre lui. Je lui ai expliqué la procédure et qu'il fallait qu'il aille voir son dossier assisté d'un représentant syndical ou de toute autre personne de son choix mais pas moi qui représentait l'administration.

Malgré l'aménagement de son poste, malgré le fait que l'infirmière lui parle, malgré la méthode douce, malgré la méthode forte.....Il y a quand même eu une réaction et un changement de comportement.
Lors du premier entretien de notation de l'agent pour le compte de la collectivité je l'ai reçu pendant près de 3 heures et qu'il a fini par me déballer ses problèmes existentiels et de santé. Après cet entretien il a été en cure et enfin s'est réveillé mais il aura fallu du temps.

D'ailleurs il m'en a été reconnaissant de l'avoir écouté malgré le fait qu'il soit passé en conseil de discipline et que son dossier administratif ait quadruplé de volume en 6 ans.

Je le cite dans un mail qu'il m'a adressé quand j'ai quitté mes fonctions (les fautes c'est lui....) "Je ne vous cache pas que plusieurs d'entre nous ont été surpris de votre départ
, mais je crois que votre discrétion vous honore et le personnel de restauration
et moi meme nous tenions personnellement et
sincèrement a vous remercier de votre disponibilité , professionnalisme et de
vos conseils (magré vos difficiles charges de travail) aprés ces 7 année au
lycée.
Je ne vous oublierai pas car si nos relation furent difficiles au
début a cause de mon imaturité et mon alcoolisme , vous avez su m'orienter et
m'expliquer la place que j'avais dans une redemption difficile a mettre en place
; je garde ces deux entretiens dont je fut le rare face a mes collegues a en
beneficier. Je me dis parfois que j'ai de la chance et avec vous j'en ai eu mais
trop tard je regrette de n'avoir pas pu vous connaitre mieux dans un esprit
professionnel mais aujourd'hui je suis abstinent je ne touche plus a l'alcool et
j'aborde mieux mes responsabilites et les relations se sont ameliorés avec mes
collegues"

Comme quoi tout peut s'arranger....mais quelle perte de temps et d'énergie.

Belle lettre qu'il t'a envoyée là...
Pour revenir au sujet, il faut en discuter de manière officielle avec l'agent en cause, en le convoquant le jour même où l'état d'ébriété est constaté. Même si il n'y a pas de preuve matérielle de l'alcoolisation de l'agent (quoique l'odeur...bref), il ne faut pas hésiter à affirmer, dans le style : "Vous avez bu." Tu ne poses pas la question, tu constates et tu ne lui demandes pas son avis. Un peu violent, mais ça met fin au jeu de dupes entre vous. Ensuite, une fois le décor planté, tu peux demander, rapport à l'appui à la CT, que soient prises des mesures, de tout type, afin que l'agent essaie de sortir de là... Seul(e), on ne peut pas gagner contre l'alcoolisme. L'agent jurera ses grands dieux que promis-juré, il n'y touchera plus avant et pendant le boulot, mais la parole d'un toxico ne pèse pas lourd.
J'ai eu le cas dans mon bahut, deux ans de lutte, de crises de nerfs, de rapports, d'allers et de retours en cure.
Le pauvre bougre a fini par en mourir il y a quelques semaines. Il avait quitté mon établissement, mais j'en ai été prévenu et ça m'a attristé. L'alcoolisme, c'est pas une partie de rigolade.

Quelques pistes, dont une partie ont déjà été données :

- activement supprimer toute trace d'alcool accessible dans les locaux professionnels utilisés par les gens concernés : le vin blanc et le cassis pour le kir du CA devra se trouver sous clé quelque part à l'intendance. Renoncer au boeuf bourguignon au menu de la DP.

- faire une fouille complète des locaux pour tenter de trouver de la bibine planquée par l'alcoolo-dépendant, sous un prétexte bidon (désinsectisation, rumeurs de coke circulant chez les élèves...)

- faire venir les gendarmes devant le bahut, à l'arrivée le matin mais aussi au retour le soir. Se bousiller la santé est une chose, travailler mal parce qu'on est défoncé une autre ; mettre en danger les gens en utilisant une pollumobile quand on est imbibé, c'est absolument intolérable. Si cela donne quelque chose, très sévère, délibérément longue et pénible engueulade dans le bureau du CE, avec le gestionnaire et l'adjoint, pour expliquer que l'on n'a pas envie qu'il écrase un élève.

- proposer à l'infirmière scolaire de lancer une grosse opération de sensibilisation aux conduites addictives, et inventer d'imposer aux ATTEE d'assister à une conférence, sous prétexte d'encadrer les mômes qui ricanent, ou n'importe quel prétexte bidon

il y a une bonne synthèse sur la prévention de l’alcoolisme au travail (qui peut toucher 15% de l'effectif !) dans le site ***; mais aussi , si l'alcoolisme au travail est depuis longtemps une préoccupation majeure de sécurité, d'autres addictions, les drogues et les médicaments psychotropes, sont venues s'ajouter aux facteurs importants qui menacent la sécurité des travailleurs, et les consommateurs excessifs de drogues occupant un emploi ne représentent plus un phénomène marginal : les addictions sont devenues un problème de sécurité au travail d'importance croissante. lien : ***

jean38 a écrit:

il y a une bonne synthèse sur la prévention de l’alcoolisme au travail (qui peut toucher 15% de l'effectif !) dans le site ***

Très intéressant, merci !

bonjour ,je suis chef de cuisine et j ai connu l effet inverse ,c est a dire mon superieur hierarchique qui avais parfois des problemes d alcolisme,je n ai jamais rien dis ,mais quand j ai quittez l etablissement ,ma remplacante as denonce cela ,elle as simplement repondue que si cela avais ete elle ,aucun cadeau ne lui aurais ete fait ,c es vrai que c est un probleme ,parfois dans les pots de rentree ou de sortie ,certains membres de notre grande famille sont legerement fatigues!!!,mais je dis cela sans polemiques ,c est mon vecu ,mais c est vrai un chef de cuisine alcolique en cuisine ,c est pas top!!! mais il y parfois l inverse(bien sur pas une generalite)

Des gestionnaires alcooliques cela existe en effet ; je dirais cependant que c'est moins nocif pour l'établissement qu'un chef cuistot dans le même état.

volcan a écrit:

Des gestionnaires alcooliques cela existe en effet ; je dirais cependant que c'est moins nocif pour l'établissement qu'un chef cuistot dans le même état.

... comme quoi le chef cuisiner est bien plus important pour la bonne marche d'un EPLE qu'un adjoint-gestionnaire !

Le mien, son mojito va bientôt disparaitre (... mystérieusement,...).

A quand une réelle médecine du travail dans l'Education Nationale ...

j'ai connu un toubib adepte du ouiski!!!

kerco a écrit:

A quand une réelle médecine du travail dans l'Education Nationale ...

T'es pas fou ? Si on avait une médecine du travail, ça voudrait dire qu'on bosse !