Extrait de http://www.vousnousils.fr/
28.02.2012 2
Les employés de sociétés high-tech de la Silicon Valley dépensent une fortune pour envoyer leurs enfants dans une école Waldorf
dépourvue d'ordinateurs.
Le directeur technique d'eBay partage un point commun avec plusieurs cadres supérieurs de sociétés de pointe de la Silicon Valley comme Google, Apple, Yahoo et Hewlett-Packard : ils envoient leurs enfants dans une école... sans ordinateurs.
La Waldorf School of the Peninsula est l'une des 160 écoles Waldorf des États-Unis, dont 40 en Californie, pourtant un bastion des nouvelles tech¬no-lo¬gies. La pédagogie de cet établissement repose avant tout sur l'éducation physique et le travail manuel. Il n'y a pas d'écran en classe : seulement du papier, des stylos, des aiguilles à tricoter, parfois de la terre glaise. De bons vieux tableaux noirs, des pupitres en bois et des ency¬clo-pé¬dies sur des étagères contribuent à l'ambiance rétro.
Les partisans de la pédagogie Waldorf estiment que les ordinateurs inhibent la créativité, le mouvement, les interactions sociales et la capacité d'attention. Les trois quarts des parents d'élèves travaillent dans des firmes high-tech et sont sur-con-nec-tés, mais ils n'y voient pas de contradiction avec ce choix d'éducation pour leurs enfants.
13.000 à 18.000 euros par an pour une éducation « déconnectée »
Alan Eagle, ingénieur chez Google et dont les deux enfants vont à l'école Waldorf, estime qu'il y a un temps pour tout, y compris pour la tech¬no-lo¬gie. Pourquoi se presser ? Apprendre à se servir d'un ordinateur, « c'est super-facile, affirme-t-il. C'est comme apprendre à se servir du dentifrice. A Google et dans toutes ces boîtes, nous rendons la tech¬no-lo¬gie aussi facile à utiliser qu'il nous est possible. Il n'y a pas de raison que les enfants n'y arrivent pas quand ils seront plus âgés. »
Cette éducation « déconnectée », à l'ancienne, n'est pourtant pas donnée. Il faut en effet compter 17.750 dollars (13.200 euros) par an de la maternelle au collège, et 24.400 dollars (18.150 euros) par année de lycée. Thierry Klein, président de Speechi (société qui développe des logiciels de formation en ligne), analyse sur son blog les raisons qui poussent ces parents high-tech à dépenser une petite fortune pour priver leurs enfants des gadgets modernes :
« Il y a bien sûr la conviction, étayée maintenant par de nombreuses études, que la tech¬no-lo¬gie n'améliore pas, ou pas beaucoup, le niveau des élèves. Mais le facteur clé [...] est la conviction qu'ont les parents que [la tech¬no-lo¬gie] divertit les élèves, les détourne du savoir. Celui qui va sur Internet [...] a toutes les chances de se retrouver à faire autre chose que de la recherche (lire la bourse, les résultats sportifs, chatter sur MSN...). Les concepteurs des machines que sont Google, l'iPad ou encore eBay sont par-fai-te¬ment conscients du phénomène d'addiction qu'ils créent et veulent en préserver leurs enfants. C'est d'un cynisme génial. »
Quentin Duverger
Source(s) :
New York Times : http://www.nytimes.com/2011/10/23/technology/at-waldorf-school-in-silicon-valley-technology-can-wait.htm