Je reproduis cet extrait d'un article du site "Achat public" qui se passe de commentaire :

"Les gesticulations politico-médiatiques se suivent et se ressemblent. La crise agricole de 2015 avait permis à certains de claironner cette injonction « achetons français » ! Les collectivités locales françaises étaient alors instamment priées, en matière de restauration collective, de favoriser les producteurs locaux (lire notre article ci-après). C’est alors qu’émergent les notions de « souveraineté alimentaire » et d’« achat patriotique ». ll est vrai que quelques semaines auparavant, un ministre du « redressement productif » prenait la posture du « made in France », coûte que coûte. Candidat ensuite à une élection présidentielle, il propose même de fixer un quota de 80 % de marchés publics réservés aux PME françaises. Des exhortations qui sonnent bien, électoralement. On ne peut cependant s’empêcher de penser que leur auteur savait pertinemment que juridiquement, elles ne tenaient pas…
Surtout, imagine-t-on les conséquences de tels propos, dans les services, pour les acheteurs publics ? Prenons le témoignage de cette acheteuse publique (nous ne lui en voudrons pas de vouloir conserver son anonymat) : « après ce genre de discours dans les médias, mes collègues des autres services viennent me voir en me disant : alors, qu’est que tu racontes ? Tu fais ta juriste ! Pire encore : j’étais présente quand mon élu, en réunion publique, assurait que désormais, sous son mandat, tous les marchés publics seraient attribués aux entreprises du coin. Comment rester crédible ? » Faut-il cependant en vouloir aux seuls politiques  ?"

Schizophrénie, ou paradoxe de la double contrainte.

L'Achat Public a écrit:

Faut-il cependant en vouloir aux seuls politiques ?"

Quand ce sont les politiques qui déterminent les règles européennes de l'achat public, et qui ensuite (nous) demandent, par pure démagogie, de les enfreindre, la réponse est... oui.

Ceci dit, et c'est un avis très personnel, concernant les marchés alimentaires, ce sont des règles un peu absurdes privilégiant les groupes groupes agroalimentaires qui proposent des produits de qualité médiocre  avec un bilan carbone désastreux et une utilisation de produits phytosanitaires massive, donc désastreux pour l’environnent et la santé, et, à côté, des petits producteurs locaux qui sont souvent oubliés (car sans service administratif adéquat).

Normandie Gest' a écrit:

Ceci dit, et c'est un avis très personnel, concernant les marchés alimentaire, ce sont des règles un peu absurdes privilégiant les groupes groupes agroalimentaire qui proposent des produits de qualité médiocres  avec un bilan carbone désastreux et une utilisation de produits phytosanitaires massive, donc désastreux pour l’environnent et la santé, et, à côté, des petits producteurs locaux qui sont souvent oubliés (car sans service administratif adéquat).

Ce n'est pas pour défendre les gros agro-industriels mais ce n'est pas parce qu'on est petit qu'on est plus "propre" que les grands.
Vision un peu manichéenne de l'agriculture.
Et pour avoir de la famille dans le métier, je parle en connaissance de cause.

C'est d'ailleurs exactement le type d'argument que l'on retrouve dans la bouche des CT pour valoriser "l'achat local".
Comme si le producteur d'à côté fournit d'office des produits de meilleure qualité pour l'unique raison qu'il est "d'à côté".
Dans ce cas, comment, par exemple, différencier le producteur local de Gironde du producteur local du Rhône ?
On est toujours l'étranger d'un autre pourrait-on dire dans ce cas...
Qu'on me prouve que la qualité sanitaire d'un produit bio d'Allemagne, par exemple, est moindre que celle d'un produit local non bio, juste parce qu'il est fait-ici-par-des-gens-du-terroir-qui-sont-d'honnêtes-producteurs.
Et je ne parle que de la qualité du produit, on est bien d'accord que niveau transport c'est une autre question.

D'ailleurs, cette pensée du "local c'est mieux" prend à mon sens, parfois des tournures patriotiques, si ce n'est plus.
Je suis légèrement gêné par tout ce mouvement qui veut que l'extérieur (pour ne pas dire l'étranger) est mauvais. L'identitaire commence ici...

Ceci dit, cela fait des années que je ne comprends pas pourquoi les CT ne mettent pas en avant leur visée économique dans la valorisation de l'achat local, et travestissent ainsi leurs objectifs en déguisant cela en buts alimentaires et environnementaux. Par honte ? Parce que c'est plus éthique d'invoquer cela ?
C'est vrai que c'est moins altruiste de dire que la visée est électoraliste.

Normandie Gest' a écrit:

Ceci dit, et c'est un avis très personnel, concernant les marchés alimentaires, ce sont des règles un peu absurdes privilégiant les groupes groupes agroalimentaires qui proposent des produits de qualité médiocre  avec un bilan carbone désastreux et une utilisation de produits phytosanitaires massive, donc désastreux pour l’environnent et la santé, et, à côté, des petits producteurs locaux qui sont souvent oubliés (car sans service administratif adéquat).

Bien sur que c'est idiot mais c'est l'Europe et le choix des politiques. Maintenant demander aux exécutants de ne pas respecter la loi et le cas échéant de prendre des risques juridiques c'est un peu facile !

Moi je suis un fonctionnaire qui doit appliquer la loi et les règles. A titre perso j'en pense ce que je veux ; à titre professionnel j'applique. C'est mon engagement et c'est mon métier. Aux politiques de changer la loi si elle ne leur va pas ; mais qu'ils ne comptent pas sur moi pour leur servir la soupe et me ramasser des coups de pied en retour.
Si chacun choisit ce qu'il veut respecter dans la règlementation autant supprimer la Fonction publique et les fonctionnaires.

Mais c'est facile de favoriser le local:

"En recourant à des spécifications techniques, à des signes officiels de qualité (Label rouge, Spécification Traditionnelle garantie ou STG, Agriculture biologique),
hors ceux faisant mention de l’origine (Appellation d'Origine Protégée ou AOP, Indication Géographique Protégée ou IGP), à des chartes de qualité, à des tests
organoleptiques, donnant ainsi la faculté de cibler indirectement des qualités liées à des productions locales, en ayant soin cependant de préciser « ou équivalent ».