Un projet de loi fait actuellement la navette entre les deux assemblées.

Un amendement du projet de loi imposerait aux collectivités et à l'Etat de fournir 20% de nourriture bio et 40% issue de l'agriculture durable en 2020 dans les restaurants collectifs publics.

L'amendement en question :

http://www.assemblee-nationale.fr/14/amendements/3851/AN/1363.asp

Un article à ce sujet :


http://www.restauration21.fr/restauration21/2016/11/20-de-bio-en-restauration-collective-publique-en-2020-lamendement-allain-adopt%C3%A9-par-les-d%C3%A9put%C3%A9s-.html

Une fois de plus, ces abrutis de députés cèdent à la démagogie.

On aura des subventions spécifiques ?  Non, je rigole !

Aucune structure n'est capable de répondre en bio ou en agriculture durable dans le cadre de mon groupement d'achat départemental. Après celui qui est capable de voir si la pomme que lui livre 40 % plus chère le grossiste en fruits est bien bio ou pas est nettement plus malin que moi. Pomme qui finira à la poubelle car jugée moche et abimée par le gamin.

Mais non, mais non   La pomme bio peut éventuellement se reconnaître au fait qu'elle n'est pas tout à fait aussi jolie mais justement, parce que la différence n'est pas flagrante, elle ne termine pas du tout à la poubelle, en tout cas pas plus que les autres.

Les produits bio sont de plus en plus proposés. On pourrait tendre vers un accroissement sensible de la proportion, si ce n'est le problème financier mais aussi le fait que le bio n'est pas synonyme de durable, parfois même pas réellement de bio 

Faut avoir vu le reportage sur le saumon bio. Celui-ci est nettement plus pollué (mercure, pcb,..) que le saumon d'élevage conventionnel car les producteurs sont tenus de l'alimenter en poissons naturels des eaux polluées environnantes, cahier des charges bio oblige.

Le prix du bio est en train de baisser dans les hypermarchés, parfois moins cher que le non bio, mais il s'agit toujours d'agriculture intensive et industrielle, monoculture, monoélevage, avec toujours des problèmes de pollution et de main-d'oeuvre.

"La société Bionest en Espagne, par exemple, cultive sous des centaines d’hectares de serres une seule variété de fraises bio qui est « particulièrement polluante et exploiteuse en main-d’œuvre ». Cette société se situe parmi tant d’autres de manière plus ou moins illégale dans le parc naturel de Doñana (inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco) selon WWF-Espagne. La technique de culture est très semblable à celle des cultures conventionnelles (irrigation goutte-à-goutte, usage d’engrais, monoculture…)."

http://www.dangersalimentaires.com/2011/03/lindustrialisation-du-bio/

L'objectif de cette loi c'est :
- Favoriser l'agriculture paysanne locale au dépend de l'agriculture intensive.
- Diminuer l'utilisation de pesticides et d'insecticides dans nos champs.
- Favoriser le bien être animal.
- Apporter des aliments de meilleure qualité et moins dangereux pour la santé (pesticides, antibiotiques,etc)
 
Même si ce ne sera pas parfait, cela aura le mérite d’aller dans ce sens.
 
Pour les EPLE et les collectivités, l'aspect contraignant fera évoluer les pratiques :
 
- Intégrer enfin dans les commandes publiques la production locale et bio dans une échelle plus importante.
- Favoriser les commandes entre producteurs de la région et les restaurations collectives (avec des plateformes type agrilocal)
- Il faudra gérer le surcout, mais des commandes à grandes échelles pourront déjà le diminuer légèrement. Cela peut se traduire par une hausse des tarifs, une baisse des charges (il y a de la marge dans certaines collectivités) une redéfinition des menus (moins de choix), etc.
- Sensibiliser et faire de la pédagogie envers les élèves sur l'agriculture durable, locale et bio (sur la qualité des repas en général)
- Agir davantage contre le gaspillage alimentaire.
 
Il faudra surtout voir comment les collectivités s'empareront de cette loi.

L'enfer est pavé de bonnes intentions.

Ce dispositif risque de marquer la fin des groupements de commandes pour de nombreux lots de denrées alimentaires avec toutes les conséquences pour les petits établissements isolés.
Se servir à la ferme du coin ou à la fromagerie d'à coté c'est sympa mais sans parler du code des marchés ce n'est pas évident. D'ailleurs combien de fournisseurs des Agrilocal ont l'agrément pour fournir des collectivités ?

Je ne serais pas aussi pessimiste, c'est une évolution heureuse et il faudra bien que l'on s'adapte à ces changements.
Cependant je suis d'accord que le code des marchés publics et les règles d'hygiènes alimentaires sont bien trop rigides à ce sujet.

L'amendement vient d'être retoqué par le Conseil constitutionnel, non pour un problème de fond mais parce qu'il a estimé que cet article et 42 autres étaient des "cavaliers législatifs" qui n'avaient rien à faire dans la loi Égalité et citoyenneté.

2020 ! Personne ne peut prévoir si loin. Surtout en politique. Sur le fond : c'est pas une loi pour le bio mais une loi pour les copains.

Pour n'importe quelle politique publique, 2020 c'est demain.

A Alomero : d'accord, sauf que "il faudrait que ce soit demain". Mais les politiques vivent d'élections en élections.

Bon, ça c'est pas tout à fait faux. Et il faut bien avouer que trois pas en avant, trois pas en arrière, trois pas sur l'côté et trois pas de l'aut'côté, ça donne un peu de nostalgie mais ça ne fait pas avancer le schmilblick. Il y aurait là une conversation sympa à entamer pour savoir qui en est responsable parmi tous les acteurs de la vie politique, mais ce n'est pas le lieu.