Oui, c'est comme ça que ça s'appelle.
Tous les ancien(e)s ont quantité d'histoires à raconter sur le sujet.
On pourrait facilement en faire un livre.
Ca permet de meubler les fins de repas entre collègues.
On peut parler des tos, certes, mais aussi des profs, des administratifs, des CE et aussi de nous mêmes les gestionnaires.
Si Si ! Il y a des précedents !
Les méthodes sont nombreuses et parfois très ingénieuses.
Je citerai quelques grands classiques:
1 Se servir directement dans le stock.
Peu discret, certes, mais souvent suffisant quand il n'y a pas de surveillance de la direction. Surtout quand on est à la fois chef de cuisine et responsable du magasin, ce qui semble être le cas de + en + souvent.
2 Fabriquer des restes (personnel de cuisine,service)
Méthode bien décrite dans les post ci-dessus, et tout à fait perfectible :
On commence par récupérer les restes ("ben oui, c'est-y pa un'honte de jeter tout ça à la poubelle, hein, avec les salaires qu'on a...") puis on les fabrique ("M'sieur l'Intendant, j'ai préféré en faire plus, parce que la dernière fois on en a manqué") puis on se sert à l'arrivée du camion ("eh, les gars, avouez que c'est quand même con de faire cuire ces steaks, puisque de tout façon on va surement les jeter...") enfin on demande carrément au livreur de s'arréter à domicile avant de livrer le reste au lycée ("quoi, je vais quand même pas risquer ma place pour un carton de surgelés")
3 faire les poubelles
On prépare des filets garnis soignenusement rangés au fond d'un sac poubelle, que l'on dépose au milieu des autres sacs, et qu'on récupère discrétement en partant du boulot
Variante : "à manger pour mon chat" mais emballé façon SHEBA sur un joli plat inox avec la feuille de salade en déco. Plutôt un repas pour 4, en fait.
4 Les repas gratuits
voir plus haut
J'ai connu une collègue qui en arrivant sur son nouveau poste, s'est vu expliquer par l'agent de bureau préposée à la vent de tickets que ce n'était pas la peine de donner un chèque, ici on s'arrangeait comme çà depuis longtemps.
J'ai connu un Prov célibataire qui se faisait monter son repas gratuit midi et soir dans son logement par une dame de service (si si!)
Une collègue gestionnaire qui passait tous les jours chercher sa baguette à la cantine avant d'aller manger chez elle...
grand classique : le plateau de fromage, ou le vin (ou les 2) sur la table des adultes . Mais rien pour les élèves, dont les familles financent pourtant les excès des adultes. Ou encore, double dessert pour les "gens de l'administration" histoire de se faire bien voir...
Et les repas gratuits très bien arrosés pour les inspecteurs ou professeurs membre de jury qui sont pourtant dument défrayés pour leurs repas...
ETC ETC
A noter tout de même plusieurs constantes dans le coulage :
La complicitéTout finit par se savoir. Si un agent se sert dans le stock, il devra forcément inviter les collègues à en faire autant. Et celà de gré ou de force !
Un agent qui ne marche pas dans la combine donne mauvaise conscience à tous, et est considéré comme un donneur de leçon, situation rapidement insuportable pour l'agent dans une cuisine, par exemple.
Quand tout le monde est mouillé, ça peut durer très longtemps. En plus, ça finit par rassurer les indécis, qui se disent que si personne ne dit rien, c'est que ce n'est peut être pas si grave que ça...
Alors évidemment quand un nouvel élément arrive, le gestionnaire par exemple, tout le monde s'affole !
La plupart des cuisiniers qui volent sont très appréciés de tous : normal, si je ne veux pas me faire prendre, je dois être au mieux avec tout le monde, être très généreux (ça ne coute pas cher avec l'argent des autres)ça peut servir en cas de coup dur (voir +bas)
Pour ma part je considère que tolérer ce genre de situation est non seulement immoral, mais sera très mal vécu par l'ensemble de la communauté qui en général espère du nouveau collègue une reprise en main.
Laisser faire serait considéré comme un acte de lacheté, de complicité, et vous enlève toute autorité pour longtemps.
Au contraire, crever l'abcès, le moins douloureusement possible mais proprement, vous vaudra le respect de tous.
alors, comment faire pour que le coulage en cuisine s'arrête ?
Afficher vos principes de rigueur financière auprès de vos collègues (Direction, Administratifs,...) et demander leur soutien.
Mettre les choses au point dès l'arrivée, à la cuisine, en rappelant les principes : je gère rigoureusement le service de restauration car c'est l'argent des familles. Nous travaillons pour les élèves.
Donc on évite de gacher.
Et on ne récupère aucun reste, sinon c'est le rapport puis la porte!
S'appliquer ces pricipes à soi même : ne pas craquer pour le 2ème dessert offert par la cuisine, ni même pour le gros rab de frites!
Le jour où j'ai coincé la cuisinière pour vol, la première chose qu'elle a fait fut de balancer ma secrétaire qui aurait un jour accepté une assiette de frites gratuite!
Une fois les principes rappelés, on laisse passer un peu de temps et on entreprend de visiter très souvent la cuisine, avant pendant et après le service. Toujours en s'annonçant, sans chercher à fliquer.
Normalement, ça en calme déjà pas mal.
Ensuite si ça suffit pas...javascript:emoticonp('
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tir
Je sais c'est facile à dire, et la première année on a plein d'autres soucis.
Mais ce souci là il faut le règler tout de suite. Sinon à vous les nuits sans sommeil !
La solitude Il faut aussi savoir qu'un conflit ouvert pour coulage avec un ou plusieurs personnels est toujours très difficile à vivre: vous aurez beaucoup de monde contre vous. A vous l'exercice solitaire du rapport pour vous justifier. Et oui! D'abord on fait le rapport sur l'agent, facile. Après on reçoit le coup de fil du cabinet du Recteur:
" oui, vous comprenez, c'est très génant, Monsieur le Recteur va sièger à la capa, les syndicats sont très agressifs en ce moment, vous êtes vraiment sur de ce que vous dites ? Ah! Bon Alors pour demain vous allez faire un rapport à Monsieur le Recteur pour justifier votre position."
Bref vous êtes devenus l'accusé, celui qui coince la machine à éduquer.
Pas facile comme rôle.
Mais Il faut tenir bon.
Cà fait partie du boulot !
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