Ce n'est pas ininteressant.

http://www.lexpress.fr/education/la-cour-des-comptes-critique-la-creation-de-60-000-postes-dans-l-education-nationale_1250594.html

Il y a effectivement beaucoup de pistes à explorer, en particulier au sujet des affectations et obligations de service...

autant aller à la source : Cour des comptes

L'article de V. Liquet in la lettre Localtis du 22 mai 2013 :

Quelques mois avant les Assises de l'éducation prioritaire prévues à l'automne 2013, la Cour des comptes
apporte au débat une série de recommandations dans son tout nouveau rapport public thématique présenté
mercredi 22 mai 2013 et intitulé "Gérer les enseignants autrement". Les magistrats de la rue Cambon
estiment ni plus ni moins que la baisse des résultats des élèves français résulte davantage d'une mauvaise
gestion des professeurs que d'un excès ou d'un manque de moyens humains ou budgétaires. Ainsi, selon
eux, la suppression de 80.000 postes sous le précédent quinquennat ou la création prévue de 60.000 postes
durant le nouveau "sont vaines si elles se font à règles de gestion inchangées".

D'une gestion "de masse"…

"Gérer les enseignants autrement" : le mot d'ordre pour l'Education nationale en général vaut pour l'éducation
prioritaire en particulier, comme l'illustre le chapitre 2 au titre particulièrement sévère : "Une gestion de masse
uniforme et inégalitaire". Ce chapitre reprend notamment le contenu du référé de la Cour des comptes dont la
synthèse avait été rendu publique cet automne (voir notre article du 4 octobre) après que des fuites, en juillet,
avaient créé un début de polémique.
Elle observait alors une "absence de corrélation entre les difficultés scolaires constatées sur le terrain et les
moyens d'enseignement alloués par le ministère", voire "parfois des situations paradoxales, dans la mesure où
des établissements confrontés à un échec scolaire important peuvent être moins bien dotés que des
établissements qui ont des taux de réussite plus élevés" et recommandait vivement une révision du
dispositif de la politique d'éducation prioritaire. Pour cela, elle suggérait déjà de prendre en compte des critères qui
reflètent directement les besoins des élèves sur le terrain, comme les résultats aux évaluations ou aux examens,
et de retenir un territoire de référence plus petit et homogène que l'académie, comme le "bassin de
formation".

… à une gestion de proximité

La critique est toujours aussi virulente : "Le ministère ne sait ni mesurer les besoins scolaires des élèves de façon
fiable et représentative ni moduler ses moyens en conséquences. Pour répondre aux difficultés les plus criantes,
il a créé des structures spécialisées, destinées à des situations de handicap ou d'inadaptation des élèves, et
déterminé des zones d'éducation prioritaire (ZEP) dont la logique ne repose pas sur la mesure des besoins
individuels réels des élèves."
Conséquence : "La répartition des postes d'enseignants sur le territoire est faite en fonction de l'appartenance
à une zone rurale ou urbaine (critère dominant), du taux de bénéficiaires des minima sociaux ou du
pourcentage de chômeurs, mais pas en fonction des difficultés scolaires constatées."
Et de citer en exemple l'académie de Créteil qui, dans le premier degré, concentre le plus de difficultés scolaires
en France mais reçoit un nombre de postes par élève plus faible que les académies de Rouen et de
Reims dont les difficultés sociales sont jugées supérieures par le ministère. Ou encore les académies de Dijon
et de Poitiers "où le poids de la ruralité est tel qu'il aboutit à y transférer plus de moyens".
Par ailleurs, note également la Cour des comptes, "les gestionnaires locaux se heurtent à la difficulté de
construire une vision partagée de la carte des formations avec les familles et les collectivités territoriales,
qui ont en charge les infrastructures" ce qui conduit à ce que " le maintien de l'existant est souvent privilégié".
Face à cela, la Cour milite pour une gestion de proximité. Elle réitère son idée de mettre en place un "système
de mesure et d'analyse assurant une connaissance précise et fiable des besoins des élèves". Dès lors,
les établissements pourraient être dotés en postes d'enseignants sur la base d'un forfait par élève, lequel
forfait serait "modulé en fonction des besoins des élèves". Une "gestion de proximité des ressources
humaines" pourraient également s'organiser dans les académies, commune au premier et au second
degrés, "en s'appuyant sur les établissements et les bassins d'éducation et de formation".

Des enseignants choisis informatiquement…

"Les enseignants du secteur public ne sont pas affectés dans une école ou un établissement en fonction
de leurs compétences individuelles, ni en fonction des besoins des élèves concernés", poursuit la critique
de la Cour des comptes, précisant qu'"ils sont choisis informatiquement, par un barème automatique donnant
des points selon divers critères" qui n'ont rien à voir avec des objectifs éducatifs (rapprochement de conjoint,
handicap, situation familiale, ancienneté de poste et de service...). Dès lors, l'établissement ne dispose d'aucune
marge de manoeuvre pour constituer ses équipes pédagogiques, exception faite de certains postes des
établissements du programme Eclair ou encore de classes préparatoires aux grandes écoles (soit 6% de postes
dits "à profil" où l'enseignant fait acte de candidature et est recruté en fonction de son parcours). Ce qui
n'empêche pourtant pas que dans les établissements Eclair de l'académie de Versailles, 65% des enseignants
ont moins de 10 ans d'ancienneté et seulement 21% plus de 15 ans d'ancienneté. Ni que, d'une manière plus
générale, 65% des enseignants débutants sont affectés chaque année en établissement "difficile" (ou sur
une fonction de remplaçant). "Les établissements les plus difficiles sont, en outre, confrontés à une
rotation plus importante de leurs équipes (la durée de poste y est de deux ans et demi plus courte en
moyenne), créant une instabilité préjudiciable à une bonne prise en charge des élèves par des équipes
pédagogiques", observe également la Cour.

… à des recrutements "sur profil"

Une de ses recommandations est donc en toute logique d'"affecter les enseignants en fonction de la
réalité des postes et des projets d'établissement". Pour cela, il faudrait, selon elle, organiser le
recrutement des enseignants du second degré à l'échelon académique, de façon à affecter les
enseignants "en fonction de l'adéquation de leurs compétences et de leur parcours avec les besoins
des élèves et le projet de l'école ou de l'établissement".
A noter que dans la série des recommandations visant à "mieux valoriser les ressources humaines",
la Cour propose de réévaluer les indemnités des enseignants en fonction des difficultés particulières des
établissements ou encore d'instaurer des mesures incitatives ("notamment en matière indemnitaire et de
carrière") pour "compenser les différences d'attractivité entre les postes".
A noter enfin que parmi les recommandations visant à "redéfinir le métier d'enseignant en adaptant les
obligations réglementaires de service", la Cour suggère d'élargir ces obligations de service sous forme d'un
forfait, à l'ensemble des activités effectuées au sein de l'établissement, y compris le travail en équipe
pédagogique et l'accompagnement personnalisé des élèves.

Quelques tableaux :



Je n'ai pas trouvé plus grand

On pourrait aussi relever dans ce rapport de la Cour, comme l'AJI dans le dernier numéro paru d'Intendance, le fait que 1400 enseignants hors d'usage sont rémunérés par le CNED pour un travail équivalent à corriger 8 copies par jour. Un peu comme si j'étais payé pour saisir 10 liquidations, sans devoir m'occuper ni des commandes, ni des ATT, ni des paiements...

En fait, ce dont on a besoin, ça serait un système de solidarité qui permettrait d'assurer une vie décente et un revenu aux malades, aux personnes souffrant de handicap, aux vieux pour la retraite, et aux malheureux sans-emploi. Un système qui permettrait à l'Education Nationale de cesser de payer des gens à ne rien f. pour se faire reprocher d'avoir trop de fonctionnaires et des inefficaces en plus. On pourrait appeler ça la sécurité sociale, par exemple. Mais je rêve...

On pourrait aussi évoquer les 1607 heures théoriques des enseignants, notamment des enseignants EPS, documentalistes ou de ceux dont les élèves sont en stage trois mois dans l'année... on pourrait, mais ce ne serait pas politiquement correct.

L'intendant zonard a écrit:

En fait, ce dont on a besoin, ça serait un système de solidarité qui permettrait d'assurer une vie décente et un revenu aux malades, aux personnes souffrant de handicap, aux vieux pour la retraite, et aux malheureux sans-emploi. Un système qui permettrait à l'Education Nationale de cesser de payer des gens à ne rien f. pour se faire reprocher d'avoir trop de fonctionnaires et des inefficaces en plus. On pourrait appeler ça la sécurité sociale, par exemple. Mais je rêve...

Quelle imagination il a notre Lapin Rouge !

L'intendant zonard a écrit:

On pourrait aussi relever dans ce rapport de la Cour, comme l'AJI dans le dernier numéro paru d'Intendance, le fait que 1400 enseignants hors d'usage sont rémunérés par le CNED pour un travail équivalent à corriger 8 copies par jour.

Pendant 6 ans pour certains. Aprés il faut les remettre dans le circuit mais où? CLM, Réadaptation, etc.

RETU a écrit:

Quelques tableaux :



Je n'ai pas trouvé plus grand

Une pleine page sur le Monde daté d'aujourd'hui sur le sujet avec également les disparités de traitement (les records).

peky a écrit:

L'intendant zonard a écrit:

On pourrait aussi relever dans ce rapport de la Cour, comme l'AJI dans le dernier numéro paru d'Intendance, le fait que 1400 enseignants hors d'usage sont rémunérés par le CNED pour un travail équivalent à corriger 8 copies par jour.

Pendant 6 ans pour certains. Aprés il faut les remettre dans le circuit mais où? CLM, Réadaptation, etc.

On peut les recycler en gestionnaires d'EPLE puisqu'aparemment ce sont des postes qui ne demandent pas selon le ministère de compétences particulière. En plus eux ils sont déjà dépressifs, donc c'est du temps de gagné !

pour ceux qui souhaitent "rigoler" (jaune) un bon coup, voici l'édito de ouest france ce matin.
Je vous dis pas, je me tenais les côtes.....
http://www.ouest-france.fr/actu/editorial.php
pour ceux qui ne liront pas tout, voici le passage qui m'a scié :
"Le monde enseignant vit un profond malaise, diagnostique la Cour des
comptes, et une « inquiétante crise d’attractivité ». Autrement dit, ce
métier parmi les plus nobles, sacralisé par la République, mythe
national avec ses hussards noirs, ce métier ne fait plus rêver : statut
social détérioré, enseignants chichement payés. Leur rémunération nette
annuelle est 35 % inférieure à celle d’un cadre non enseignant de la
Fonction publique. Mais entre enseignants, l’écart est très net (5 000
€) entre le professeur des écoles débutant et l’agrégé très capé."



Autant vous dire que j'apprécierais fortement percevoir 35% de plus que les profs de mon collège!
Mais voilà, je ne suis qu'ADAENES, avec 2 ans et demi d'ancienneté.

Vilain Intendant a écrit:

peky a écrit:

L'intendant zonard a écrit:

On pourrait aussi relever dans ce rapport de la Cour, comme l'AJI dans le dernier numéro paru d'Intendance, le fait que 1400 enseignants hors d'usage sont rémunérés par le CNED pour un travail équivalent à corriger 8 copies par jour.

Pendant 6 ans pour certains. Aprés il faut les remettre dans le circuit mais où? CLM, Réadaptation, etc.

On peut les recycler en gestionnaires d'EPLE puisqu'aparemment ce sont des postes qui ne demandent pas selon le ministère de compétences particulière. En plus eux ils sont déjà dépressifs, donc c'est du temps de gagné !

Certains le sont devenus (postes B ou C) puis déclarés inaptes lors des rapports des CE des établissements d'accueil.

l'IFRAP frappe plus fort ; 200 000 personnels de l'EN sous-employés à lire
(l'IFRAP est un think thank plutôt à droite)

garfield03 a écrit:

pour ceux qui souhaitent "rigoler" (jaune) un bon coup, voici l'édito de ouest france ce matin.
Je vous dis pas, je me tenais les côtes.....
http://www.ouest-france.fr/actu/editorial.php
pour ceux qui ne liront pas tout, voici le passage qui m'a scié :
"Le monde enseignant vit un profond malaise, diagnostique la Cour des
comptes, et une « inquiétante crise d’attractivité ». Autrement dit, ce
métier parmi les plus nobles, sacralisé par la République, mythe
national avec ses hussards noirs, ce métier ne fait plus rêver : statut
social détérioré, enseignants chichement payés. Leur rémunération nette
annuelle est 35 % inférieure à celle d’un cadre non enseignant de la
Fonction publique. Mais entre enseignants, l’écart est très net (5 000
€) entre le professeur des écoles débutant et l’agrégé très capé."



Autant vous dire que j'apprécierais fortement percevoir 35% de plus que les profs de mon collège!
Mais voilà, je ne suis qu'ADAENES, avec 2 ans et demi d'ancienneté.

Si on prend le corps des professeurs des école, l'écart est réel avec les attachés.
Les deux corps ont à peu près la même grille indiciaire, mais les profs des écoles ne perçoivent aucune prime ni indemnité (pour le prof des écoles lambda).

C'est au troisième échelon que j'ai commencé à gagner plus que mes parents PE en fin de carrière.

Le Forgeron a écrit:

C'est au troisième échelon que j'ai commencé à gagner plus que mes parents PE en fin de carrière.

3éme échelon d'attaché indice n.m. 389.

PE en fin de carrière INDICE N.M. 658 (sans parler de la hors classe) soit une différence d'environ 1245 €e en plus pour les PE:

vous devez avoir des primes plus importantes au ministère que dans les eple !

Le Forgeron a écrit:

C'est au troisième échelon que j'ai commencé à gagner plus que mes parents PE en fin de carrière.

Et comme on a validé officiellement, en le claironnant haut et fort de surcroît, que les enseignants étaient dorénavant recrutés à bac+5, ces derniers vont entretenir des attentes pécuniaires en rapport.

Ce choix alimente une frustration qui va exploser un jour...

Il faut ramener le traitement des enseignants au temps de travail annuel effectif... et là ils sont payés grassement.

Mad Max a écrit:

l'IFRAP frappe plus fort ; 200 000 personnels de l'EN sous-employés à lire
(l'IFRAP est un think thank plutôt à droite)

La meilleure proposition est le rapatriement des RH à la DGAFP.

le pointe de vue de Terra Nova sur la question,

La Cour des comptes a présenté son rapport 2014 ce mard11 février 2014



Ca chauffe aussi pour le CNDP





Le Centre national de documentation pédagogique (CNDP) obsolète
Le CNDP, qui fournit des supports aux enseignants pour les aider dans leur tâche, est devenu «obsolète» et son organisation «inefficiente et inefficace» rend sa réforme «indispensable», affirme la Cour des comptes. Le CNDP, associé à des centres régionaux de documentation, dépend du ministère de l'Education et a pour mission d'aider les enseignants en leur fournissant des supports pédagogiques en tous genres, hormis livres scolaires. La juridiction financière critique aussi vivement «la complexité institutionnelle inutile et onéreuse» du CNDP et de son réseau dont le budget s'élevait l'an dernier à 137 millions d'euros avec 1.886 emplois équivalents plein temps.

C'est moi où il y a encore quelques années, la sortie du rapport de la Cour des Comptes, c'était surtout l'occasion pour la presse de faire ses choux gras de certaines gabegies locales ou nationales, et c'est maintenant plutôt devenu l'occasion d'enfoncer le clou sur les trop grosses charges de l'Etat, les nécessaires restructurations qui s'ensuivent et les suppressions de postes qui vont avec, en n'oubliant pas de cogner sur les collectivités locales et leurs politiques d'embauche ?

La Cour des Comptes est devenue non plus l'organisme indépendant de contrôle de la dépense publique qu'elle devrait être (et rester), mais un outil parmi d'autres par lequel on justifie le désengagement de l'Etat dans une idéologie clairement libérale.

néthou a écrit:

La Cour des Comptes est devenue non plus l'organisme indépendant de contrôle de la dépense publique qu'elle devrait être (et rester), mais un outil parmi d'autres par lequel on justifie le désengagement de l'Etat dans une idéologie clairement libérale.  

   c'est beau comme du Prévert  

néthou a écrit:

C'est moi où il y a encore quelques années, la sortie du rapport de la Cour des Comptes, c'était surtout l'occasion pour la presse de faire ses choux gras de certaines gabegies locales ou nationales, et c'est maintenant plutôt devenu l'occasion d'enfoncer le clou sur les trop grosses charges de l'Etat, les nécessaires restructurations qui s'ensuivent et les suppressions de postes qui vont avec, en n'oubliant pas de cogner sur les collectivités locales et leurs politiques d'embauche ?

La Cour des Comptes est devenue non plus l'organisme indépendant de contrôle de la dépense publique qu'elle devrait être (et rester), mais un outil parmi d'autres par lequel on justifie le désengagement de l'Etat dans une idéologie clairement libérale.  

Ca ne doit pas être que toi parce que ça fait un petit moment que je me dis la même chose. La cour des comptes semble être devenue un think tank libéral dont l'essentiel du message est de taper à bras raccourcis sur les services publics et leurs dépenses non seulement somptuaires mais bien sûr inutiles à l'usage de quelques privilégiés profiteurs.

Au bout d'un moment, ça devient nauséeux. A quand une bonne enquête indépendante sur la cour des comptes et ses rouages?

Didier MIGAUD est le Président de la Cour des Comptes.
Ce monsieur fut aussi le co-rapporteur du projet LOLF, a présidé sous l'ancienne mandature la Commission des Finances de l'Assemblée.
Socialiste avez-vous dit ? La sémantique évolue-t-elle avec le temps ?

N'oublions pas que les enseignants sont rémunérés sur 10 mois et non 12 en vertu de la règle du service fait.

Rapporté au mois leur rémunération n'est pas des plus faibles...

Sur le CNDP, on devrait faire un sondage pour savoir combien d'enseignants fréquentent ou utilisent les ressources des CDDP.

Il faut le reconnaître, le pays n'a plus les moyens de se permettre ce type de dépense et de n'est pas être libéral que de dire cela c'est reconnaître le principe de réalité.

Laxman a écrit:

N'oublions pas que les enseignants sont rémunérés sur 10 mois et non 12 en vertu de la règle du service fait.

  

Tiens, je croyais qu'il n'y avait plus que chez les enseignants que cette légende circulait !

merci pour la crise de rire, je retourne emballer le chocolat dans du papier alu (comme toutes les marmottes)