Cela dépend du moment et de l'utilité de la chose.
La même question peut se poser à propos d'un nouveau métier, d'avenir (si, si) tout frais, de l'éducation nationale. Précaire mais à bac ++, c'est promis, celui des APS.
Encore une invention du centre ou mise en place par lui. Dont on peut douter qu'il en sera fait bilan indiscutable, ensuite, tellement c'est artificiel et répondant à une demande de circonstance.
Une description - infra - pas forcément entièrement fausse, ni complètement à charge ou décharge, de ce qu'il en est déjà, à ce jour, dans le Monde ...du jour.
Ici de larges extraits :
3 novembre 2012
Prévenir la violence scolaire, un métier d'avenir
Les assistants de prévention et de sécurité, créés par Vincent Peillon à la rentrée, arrivent dans les établissements
D. [...] n'a pas le profil d'un vigile ou d'un policier. Sa spécialité, c'est la psychologie, l'accompagnement éducatif, l'insertion sociale. Sa méthode, une voix douce plutôt que des gros yeux. Rien à voir avec l'image du " super-pion " qui pèse sur les 500 assistants de prévention et de sécurité (APS), dont Dorothée fait partie, recrutés au cours des mois de septembre et octobre dans les établissements les plus sensibles.
Le nouveau " métier " a été créé pour lutter contre la violence scolaire par le ministre de l'éducation nationale, Vincent Peillon, dans
le cadre de ses mesures d'urgence de la rentrée.
D. est arrivée au lycée professionnel [...] le 8 octobre. " On m'a dit "Bienvenue et bon courage, vous allez avoir du boulot !" ", rapporte-t-elle. Il faut dire que l'établissement, situé dans le quartier nord de la ville, n'accueille pas que des enfants de choeur. Il répond à tous les critères pour bénéficier d'un poste d'APS : un taux d'absentéisme record - 29 % des élèves sont absents de manière non justifiée plus de quatre demi-journées par mois, soit 14 points de plus que la moyenne en lycée professionnel ; les conseils de discipline sont fréquents -, 19 % l'an dernier, qui ont donné lieu à 11 exclusions définitives, sur 550 élèves.
" Depuis la rentrée, deux exclusions définitives et trois avec sursis ont déjà été prononcées ", avance [...] le proviseur. Les tensions se sont accrues depuis les émeutes de l'été dans les cités de [...], qui ont conduit à leur classement en zone de sécurité prioritaire. "
Certains élèves y ont participé et continuent à s'amuser avec l'institution, déplore M. J. [le proviseur]. Les agressions physiques contre les personnels restent rarissimes. Les incidents les plus fréquents sont les violences physiques entre élèves et les violences verbales envers les enseignants. " Dans ce contexte, un APS, c'est d'abord un adulte de plus dans l'établissement, un renfort pour les personnels de vie scolaire.
Sauf qu'ici, on a préféré changer l'intitulé de la fonction pour éviter le mot tabou de " sécurité ". " Les élèves me demandent si je suis de la police, rapporte Dorothée. Si je leur réponds que je suis assistante de prévention et de sécurité, ils m'assimilent immédiatement aux forces de l'ordre et se braquent. Je préfère donc dire que je suis assistante de prévention tout court. " Même son de cloche du côté du proviseur, qui préfère parler de " sérénité " plutôt que de sécurité : " Le dialogue est tellement dégradé que quand il y a une voiture de police devant l'établissement, je n'ai plus personne en classe ! "
Il n'était donc pas question pour lui de faire de son APS un gendarme. " Je cherchais plutôt un profil d'éducateur ", souligne-t-il. De fait, sa nouvelle recrue a un bac + 2 en psychologie, une double licence en sciences de l'éducation et en intervention sociale, et six ans d'expérience de surveillante en collèges et lycées. Un CV " social " qui la distingue des 14 autres APS recrutés dans l'académie, dont les profils vont de l'assistant commercial à l'agent de sécurité en passant par le footballeur ! Au lycée [...] , sa principale mission sera la " médiation " avec des élèves au retour de leur exclusion de l'établissement. Une mission pérenne sur un poste précaire. D. a signé un contrat d'un an, renouvelable deux fois, rémunéré 1 237 euros brut par mois, pour un temps plein.
La jeune femme ne sera véritablement en fonctions qu'en janvier, à l'issue d'une période de formation en alternance de huit semaines. Mais elle commence déjà à rôder dans les couloirs et à recevoir les exclus. Jeudi 25 octobre, elle a convoqué Jonathan (le prénom a été modifié), un élève exclu deux jours de l'établissement la semaine dernière et de nouveau exclu d'un cours pour être arrivé en retard et avoir chanté une chanson insultante. L'entretien est ponctué de questions : " Pourquoi te fais-tu toujours exclure par ce prof ? " ; " Est-ce le prof que tu n'aimes pas ou la matière ? " ; " Es-tu prêt à essayer d'être à l'heure à chaque cours pendant une journée ? " ; " Tu es intelligent, tu dois savoir que toutes les disciplines comptent au bac ? "
Face à des jeunes à 80 % issus de milieux défavorisés, souvent abîmés par une scolarité chaotique, le travail de Dorothée est d'abord d'améliorer leur estime de soi et de les responsabiliser. " J'essaie de sortir du "c'est pas moi, j'ai rien fait", explique-t-elle. Pour cela, j'amène l'élève à m'expliquer pourquoi il a eu ce comportement, et lui fais comprendre le sens de la sanction. " Il s'agit, aussi, de lui faire prendre conscience de l'enjeu : celui de décrocher un premier niveau de qualification pour avoir une chance d'insertion professionnelle. Cette nouvelle fonction, D. veut y croire. " Ça peut marcher, parce qu'un APS est neutre, dit-elle. Il ne fait partie ni du corps professoral ni tout à fait des personnels de vie scolaire ; il n'est ni celui qui sanctionne ni celui qui fait cours. "
Reste à trouver cette place, et cela ne s'improvise pas. Au sein de l'équipe éducative du lycée, l'arrivée d'un APS a suscité des interrogations. Car dans la circulaire ministérielle qui détaille ses missions, c'est un peu le travail de chacun qui est décrit. Les conseillers principaux d'éducation contribuent aussi à " sensibiliser les élèves au respect de l'autorité ", à " gérer les situations de tension ". Les assistants sociaux créent déjà " des liens entre l'équipe éducative et les parents d'élèves " ; l'infirmière est chargée de " la prévention des conduites à risques "...
" Nous menons une réflexion collective pour que le travail de D. soit un plus et qu'il n'empiète pas sur les missions des uns et des autres, explique E [...], l'une des deux conseillères principales d'éducation du lycée. La place à prendre, c'est la prise en charge des élèves au retour d'une exclusion - ce que l'on fait, mais pas de manière systématique. " Si l'assistante sociale [...], salue la " bienveillance " et la " volonté " de D., elle ne comprend pas pourquoi l'éducation nationale " embauche toujours des gens au rabais pour faire les missions de gens formés, qualifiés et titulaires d'un concours de la fonction publique ".
Aurélie Collas
Source
Le Monde
lemonde.fr/journalelectronique/donnees/protege/20121103/html/885002.html
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