Tutoiement

Bonjour,
Ayant travaillé quelques années au secrétariat d'intendance, j'ai obtenu un poste de gestionnaire dans un établissement voisin pour cette nouvelle année scolaire. Le problème est que dans cet établissement, je connais la plupart des agents pour les avoir connus auparavant lorsque j'était au secrétariat, au point de les tutoyer. Biensur maintenant tous les agents veulent faire de même. Quelle attitude dois-je avoir selon vous?

Tu peux aussi continuer à tutoyer les gens que tu tutoyais avant. Et puis les nouveaux tu les vouvoies. Et si on te demande pourquoi tu fais une différence, tu peux très bien dire que tu souhaites utiliser le vouvoiement de par ta fonction, mais que les gens que tu connaissais avant, tu ne vas pas changer maintenant.

Ceux que tu tutoyais, tu continues.
Franchement, mets-toi à leur place : si tu étais resté secrétaire et que du jour au lendemain la collègue du bahut d'à côté devienne ta gestionnaire, et te demande de la vouvoyer alors que tu la tutoyais jusqu'à présent, quelle opinion aurais-tu de cette personne autre que '"ben maintenant elle se la pète, le concours lui a donné le melon" et autres pensées amicales ?

En revanche, vouvoiement systématique des agents inconnus, des profs, et de tous les nouveaux. Et quand tu parles de quelqu'un à un tiers, c'est M. Untel ou Mme Bidule.

Et tout ça tu peux le mettre au clair lors de ta 1re réunion de service : ça mettra les choses au point pour ceux que tu ne tutoies pas, et ceux que tu connaissais avant comprendront qu'ils n'auront pas un traitement de faveur, sans pour autant les prendre de haut maintenant que tu es "chef".

Bon courage.

Mélanger tutoiement et vouvoiement est à mon (humble) avis la pire des choses car cela créé une distinction entre les personnels (les copains et les autres) et créé un climat qui n'est pas sain.
On peut justement expliquer que l'on ne peut en tant que chef de service faire de distinction entre les personnels placés sous ses ordres pour vouvoyer tout le monde, y compris les anciennes connaissances.

vouvoiement indispensable, y compris avec les profs

On peut aussi très clairement faire comprendre que ça n'a aucune importance et que ce n'est pas la manifestation d'un privilège quelconque. Tutoyer Josette et, parlant d'elle, l'appeler Mme Tartempion.

Je pratique la politique du miroir : je ne prends jamais aucune initiative en termes de tutoiement ou de vouvoiement, je me contente de faire comme mon interlocuteur qui décide le premier. Et en attendant que celui-ci se décide, j'utilise avec délices les artifices de la langue française pour contourner l'utilisation de la 2e personne du singulier.

Maintenant, je dois dire que les personnes que j'encadre, en général, n'envisagent pas les choses autrement que le vouvoiement. Sinon ça serait sans doute un peu plus compliqué. J'ai l'impression tout simplement que, pour faire bon poids, notre collègue peut assurer un max sur le code vestimentaire, et on lui saura gré malgré sa promotion à des fonctions importantes et visibles par le costard/tailleur de conserver un peu de simplicité dans le relationnel.

N@n@rd a écrit:

Mélanger tutoiement et vouvoiement est à mon (humble) avis la pire des choses car cela créé une distinction entre les personnels (les copains et les autres) et créé un climat qui n'est pas sain.
On peut justement expliquer que l'on ne peut en tant que chef de service faire de distinction entre les personnels placés sous ses ordres pour vouvoyer tout le monde, y compris les anciennes connaissances.

Sur le principe, tout à fait d'accord. Et au départ, je vouvoie tout le monde (même si dans certains cas ambigus, c'est-à-dire lorsqu'on me tutoie mais que je n'ai pas envie de rendre la pareille, la technique suscitée par l'IZ est efficace).
Mais je répète que passer du tutoiement au vouvoiement juste parce qu'on devient le supérieur hiérarchique (ou fonctionnel), ça ne passe pas. Tous ceux de ma connaissance qui s'y sont essayés s'y sont cassés les dents. Et en beauté.

Bonjour,

Je partage l'avis de Winnie. Ici, le SG vouvoie la plupart de ses chefs de service, sauf deux d'entre eux qu'il a connus – et tutoyés – quand il n'était lui-même qu'attaché et au même niveau hiérarchique qu'eux. Il en est de même pour le chef d'établissement qui tutoie un agent de catégorie C qu'il connaît de longue date (avant d'être CE). Ça ne pose problème à personne.
Si un jour un collègue qui me tutoie devenait SG et se mettait à me vouvoyer, je ne pourrais sûrement pas m'empêcher de le charrier un peu.

L'intendant zonard a écrit:

Je pratique la politique du miroir : je ne prends jamais aucune initiative en termes de tutoiement ou de vouvoiement, je me contente de faire comme mon interlocuteur qui décide le premier. Et en attendant que celui-ci se décide, j'utilise avec délices les artifices de la langue française pour contourner l'utilisation de la 2e personne du singulier.

ça doit être cool de te rencontrer la première fois :

Lui : Bonjour,
Toi : Bonjour,
Lui : ... ( , je le tutoie ou je le vouvoie ?)
Toi : ... (miroir, j'attends de voir qu'il va dire)
Lui : ...
Toi : ...
Lui : Bon, ben, je vais y aller.
Toi : J'y vais aussi. (miroir, je te dis, miroir).

Patience et déraison a écrit:

Quitte à tutoyer dans le feu de la conversation...

pour moi c'est un manque de maîtrise. on vouvou ou on tutu, mais il faut rester cohérent, et surtout lors d'une altercation ne pas vouvoyer si l'usage était au tutoiement (si si j'en ai connu...)

Moi je suis plus pour continuer le tutoiement, sinon, les personnes ne comprendront pas pourquoi et risquent de devenir désagréables ou pire en pensant que le sieur ou la dame devenu(e) gestionnaire se la pète à mort (comme l'a fait remarquer Winnie).

Et vis-à-vis de vos CE ?

Moi j'ai jamais pu adopter le tutoiement même si on me l'a demandé, j'y arrive pas.

Pour ceux qui sont capables d'un peu de gymnastique cérébrale, il existe la technique de la méthode indirecte qui consiste à s'adresser à quelqu'un dont on n'est pas sûr de savoir si on doit le tutoyer ou le vouvoyer en n'employant que des phrases évitant les 2.

Au lieu de
Tu vas bien? ta femme, tes gosses?
On dira
ça va? La famille, les enfants?
Au lieu de
Comment tu t'en es sorti avec le problème de l'autre jour?
On dira
Et le problème de l'autre jour, ça a fini comment?

Jusqu'à ce qu'on soit sûr ou qu'on en ait marre parce que c'est usant.

Une variante, la technique de l'épicier. On met tout à la troisième personne du singulier.
Il va bien? Sa femme, ses enfants?
Et il s'en est sorti comment avec son problème? Je lui mets autre chose avec sa boîte de craies?

Ca a le double avantage d'être facile à utiliser et de diminuer dramatiquement les situations de dialogues. En effet, les interlocuteurs vont rapidement réaliser qu'ils ont affaire à un doux frappadingue et éviter le plus possible d'avoir à discuter avec un tel énergumène.

Sur les propositions de LMDV/LG :
- la 1re, c'est la technique déjà expérimentée, citée par l'IZ. Je confirme que ça marche super.
- la 2e, hors de question. C'est ce que pratique toute vendeuse de charcuterie/boulangerie/épicerie de campagne, à chaque fois qu'on me fait le coup je me retourne pour vérifier que c'est bien à moi qu'on s'adresse.

LMDV/LG a écrit:

Une variante, la technique de l'épicier. On met tout à la troisième personne du singulier.
Il va bien? Sa femme, ses enfants?
Et il s'en est sorti comment avec son problème? Je lui mets autre chose avec sa boîte de craies?

On remarquera que cette technique , ou approche , est également souvent employée lorsqu'on s'adresse aux petits enfants , lorsqu'ils ne parlent pas encore .
Peut-être une manière inconsciente d'exprimer l'altérité d'un être à la fois très proche mais aussi tellement lointain de nous, individus doués de langage ?

Y-a-t-il un neuropsychologue dans l'avion ?

barbule a écrit:

LMDV/LG a écrit:

Une variante, la technique de l'épicier. On met tout à la troisième personne du singulier.
Il va bien? Sa femme, ses enfants?
Et il s'en est sorti comment avec son problème? Je lui mets autre chose avec sa boîte de craies?

On remarquera que cette technique , ou approche , est également souvent employée lorsqu'on s'adresse aux petits enfants , lorsqu'ils ne parlent pas encore .

Oui et, en stylistique, on nomme cette narration du qualificatif d'hypocoristique, dont l'une des acceptions désigne ce qui atténue ou exprime un côté affectueux.

tiens, Grinch' (juste pour tester l'hypocoristique, hein !)
voici de la lecture du temps d'avant toi, sur le sujet :

https://gestionnaires.actifforum.com/metiers-de-l-aenes-f6/vouvoies-tu-le-monde-chez-vous-t3320.htm

À la même époque, toujours une affaire de mise en scène qui fit débat fourni : l'accoutrement.

https://gestionnaires.actifforum.com/metiers-de-l-aenes-f6/comment-vous-habillez-vous-t3014.htm

Pacific
.

Autre solution : abandonner le français pour l'anglais et le "you" universel. Bien plus simple !
Oui bon, je sais .... je déconne !
Just a joke !

J-M a écrit:

L'intendant zonard a écrit:

Et en attendant que celui-ci se décide, j'utilise avec délices les artifices de la langue française pour contourner l'utilisation de la 2e personne du singulier.

ça doit être cool de te rencontrer la première fois :

Lui : Bonjour,
Toi : Bonjour,
Lui : ... ( , je le tutoie ou je le vouvoie ?)
Toi : ... (miroir, j'attends de voir qu'il va dire)
Lui : ...
Toi : ...
Lui : Bon, ben, je vais y aller.
Toi : J'y vais aussi. (miroir, je te dis, miroir).

Pas de problème. J'ai l'entraînement : ça remonte à quand j'avais 12 ans, avec ma prof de piano qui était une copine de mes parents, mais ma prof quand même, et je ne savais vraiment pas que faire. J'ai tenu 3 ans avant de prendre ma décision (et sa tête quand je lui ai dit, la pauvre )

Et oui, l'art du ni tu ni vous : j'ai eu ma mère comme prof pdt pas mal de temps... et l'exercice n'est pas si facile !!

Il y a pas mal d'années, dans un services de jeunes et de sportifs : un inspecteur jonglait pas mal entre le tu et le vous : en situation officielle ou réunion : Monsieur, Madame, vous, et dès la sortie de la réunion, dans mon bureau à 3 mêtres de là : prénom, tu. C'est un truc à essayer avec les personnes que l'on ne veut pas arréter de tutoyer, alors que la situation ne nous le permet pas toujours. Si ce sont des amis, ils ne vont pas se vexer.
Mais il y avait eu un stage de formation mémorable où il nous avait fait mourir de rire en inventant des ronds points qui n'existaient pas (si, c'est possible), ceci explique peut être celà.

margotte a écrit:

en situation officielle ou réunion : Monsieur, Madame, vous, et dès la sortie de la réunion, dans mon bureau à 3 mêtres de là : prénom, tu. C'est un truc à essayer avec les personnes que l'on ne veut pas arréter de tutoyer, alors que la situation ne nous le permet pas toujours. Si ce sont des amis, ils ne vont pas se vexer.

C'est exactement ce que nous avons pratiqué pendant des années, le CE, le CE Adj, l'Agent Chef et moi.

Ca a marché .Pour les collègues, c'était mieux. Même dans le privé, chez l'un ou chez l'autre, quand la conversation venait sur le boulot, on reprenait le vous sans même nous en apercevoir.
On est , et toujours amis.

aazute a écrit:

margotte a écrit:

en situation officielle ou réunion : Monsieur, Madame, vous, et dès la sortie de la réunion, dans mon bureau à 3 mêtres de là : prénom, tu. C'est un truc à essayer avec les personnes que l'on ne veut pas arréter de tutoyer, alors que la situation ne nous le permet pas toujours. Si ce sont des amis, ils ne vont pas se vexer.

C'est exactement ce que nous avons pratiqué pendant des années, le CE, le CE Adj, l'Agent Chef et moi.

Ca a marché .Pour les collègues, c'était mieux. Même dans le privé, chez l'un ou chez l'autre, quand la conversation venait sur le boulot, on reprenait le vous sans même nous en apercevoir.
On est , et toujours amis.

On est tous je voulais dire