La mise en gras dans le texte est de moi.
Quelqu'un a t-il eu déjà recours ou connaissance de cette entourloupe ?
Extrait du Monde
Les entreprises d'intérim se lancent sur le marché de la fonction publique
Une loi de 2009 autorise le recours à des travailleurs temporaires par des employeurs publics
C'est une disposition qui est passée relativement inaperçue au moment de son adoption. Depuis l'entrée en vigueur de la loi " relative à la mobilité et aux parcours professionnels dans la fonction publique " du 3 août 2009, les employeurs publics peuvent faire appel à des intérimaires, au lieu de solliciter des agents non titulaires, afin de répondre à des besoins temporaires de personnels. Plusieurs grosses enseignes de l'intérim partent à l'assaut de ce nouveau marché.
Dans les faits, des collectivités locales et des hôpitaux avaient déjà recours à ce type de main-d'oeuvre. Le groupe d'intérim Randstad France a d'ailleurs une filiale qui réalise environ 40 % de son chiffre d'affaires en fournissant du personnel médical et paramédical aux établissements hospitaliers publics.
Une telle pratique a été admise par la jurisprudence du Conseil d'Etat lorsque " des circonstances exceptionnelles (...) rendent impossible (...) tout autre mode de recrutement ". Mais le cadre juridique était incertain, donnant lieu à des contentieux portés devant le juge administratif, affirme François Roux, délégué général du Prisme, qui représente les professionnels de l'intérim.
L'Etat a donc voulu inscrire dans la loi des règles claires et soumettre ce type d'embauches à diverses conditions - sur les motifs et la durée des missions, notamment. Avant de se tourner vers une agence d'intérim, les collectivités locales doivent, de surcroît, demander au centre de gestion dont elles dépendent s'il peut leur apporter le personnel recherché.
Certaines entreprises de travail temporaire se sont mises en ordre de bataille sans attendre que les employeurs publics passent commande. " Nous avons une démarche volontariste, consistant à nous rapprocher de nos partenaires du secteur public pour mieux cerner leurs attentes ", explique Catherine Séguin, directrice de cabinet de François Davy, président d'Adecco France. Randstad France prospecte également tous azimuts et a créé en son sein un pôle " secteur public " dont le directeur, Jean-Baptiste Thiercelin, a travaillé dans la fonction publique territoriale.
Des contrats ont d'ores et déjà été conclus. Exemple : dans les Côtes-d'Armor, les services de l'Etat ont embauché des intérimaires pour expédier des bulletins de vote dans les mairies lors du dernier scrutin régional, explique une porte-parole de la préfecture. " Pour ce type de tâches, ajoute-t-elle, nous faisions jusqu'à présent appel à des associations intermédiaires ", structures d'insertion professionnelle pour des personnes en difficulté. La préfecture a encore eu recours à elles cette année, mais elle y a ajouté du personnel mis à disposition par Randstad. La société a aussi procuré des agents administratifs à des établissements d'enseignement (lycée, université, groupements assurant de la formation), précise M. Thiercelin.
Une réforme critiquée
Adecco, de son côté, dit avoir remporté plusieurs marchés à Amiens, Avignon, Besançon, Chartres, Grenoble, Saint-Etienne, et a été retenu " sur un lot "bâtiment et travaux publics" correspondant à la réalisation de travaux à l'initiative du ministère de la justice ". Lors des débats au Parlement, cette réforme a été critiquée par des élus de gauche. " Volonté destructrice du service public ", s'est indigné Bernard Derosier, député (PS) du Nord. Pour lui, le texte revient " à accompagner l'hémorragie de la fonction publique " entraînée par le non-renouvellement de la moitié des départs à la retraite.
L'Union générale de la fonction publique-CGT trouve que cette disposition pose " un problème de fond ", car " elle introduit le contrat de droit privé dans le service public administratif ", souligne son secrétaire nationale, Vincent Blouet. " Plus coûteux " que les agents publics, l'emploi d'intérimaires démontre une certaine " déresponsabilisation de l'Etat " à ses yeux.
Le gouvernement et la majorité parlementaire ont objecté, durant les discussions au Parlement, que le recours à de la main-d'oeuvre temporaire resterait limité. L'intérim, " c'est moins de précarité pour les personnes concernées ", a soutenu Eric Woerth, alors ministre du budget, car celles-ci ont, d'après lui, un statut plus protecteur que les contractuels embauchés par l'administration.
Bertrand Bissuel
Source
Le Monde
27 avril 2010
Economie page 16
Bref