Je suis convoquée pour l'oral... jeudi !
L'an dernier le jury a posé aux candidats deux questions qui me laissent quelques doutes :

1. Vous êtes gestionnaires en EPLE, le cuistot arrive manifestement alcoolisé, que faites-vous ?
Il faut expliquer sans doute que la priorité est d'assurer la sécurité immédiate des personnes et des biens, mais concrètement ? Vous l'attirez calmement dans un endroit sans risque et vous le faites patienter et parler un peu pour évaluer son degré d'emprise, vous prévenez le CE pour prendre une décision ensemble ? La loi permet-elle de le ramener chez lui à bord d'un véhicule, privé ou de service ?
Le service médico-social dans tout ça ?
Pour assurer le repas, puisque le cuistot est suspendu de ses fonctions ce matin, vous demandez aux autres agents de préparer un truc tout simple, (réchauffage, chips...) Dans quel ordre effectuez-vous ces démarches ?

2. Le CE lors de la préparation du budget répartit les crédits de manière disproportionnée sur certains postes mais en respectant les limites réglementaires (au fait y en a -t-il ?). Manifestement vous prévoyez de gros problèmes en cours d'année. Le CA a lieu bientôt, que faites-vous ?
- c'est le CE l'ordonnateur, donc il décide, ne dites rien, le CA votera et il suffira de faire des DBM.
- vous discutez avec lui avant le CA afin de tenter de le faire changer d'avis : c'est un travail commun et vous mettez en avant votre droit de juger de "l'opportunité de la dépense" (est-ce applicable pour tout un budget?)
- vous prévoyez d'intervenir lors du CA car vous avez un droit de parole, mais on n'est pas couchés !
- le budget ne peut pas être chamboulé, il doit être conforme à une moyenne observée sur les années précédentes.
- ou alors autre façon d'agir ??? Laquelle...

Bref j'attends vos réponses, je n'ai jamais été gestionnaire...
Merci !

J'appelle les pompiers pour faire évaluer l'état de santé du cuisinier et "préserver son intégrité physique", accessoirement cela permet d'avoir une trace de son état alcoolique pour la suite de l'affaire.
Ensuite soit j'ai le personnel compétent pour préparer le repas (comme en cas d'absence du chef de cuisine pour maladie), soit repas pic-nic par les agents.

1 je lui propose de prendre l'apéritif
2 je suggère au CE d'augmenter le crédit réception à hauteur de la subvention de la CT car ma cave est vide.

Plus sérieusement, pour la réponse 1, titi5 propose une solution jouable que je me permets de développer.
Tout d'abord, isoler le cuistot et avertir le CE. Envisager l'intervention de la police ou gendarmerie pour mise en cellule de dégrisement et constat de l'état de l'énergumène. Cela permet pour l'avenir, de faire savoir à l'ensemble des personnels que ce genre de problème ne sera pas toléré. Attention cela ne signifie pas une mesure disciplinaire mais permet de mettre la pression pour l'avenir. Le rôle social du chef de service peut intervenir après et sur un plus long terme. Une réunion avec les personnels de service est nécessaire pour crever l'abcès le plus tôt possible (hors la présence du cuisinier qui sera convoqué à un entretien). Genre : c'était un accident, je comprends les difficultés de la personne, ce genre d'attitude est intolérable, il n'y aura pas de suite donnée si cela ne se reproduit pas, je serais intransigeant dans ce genre de situation, etc.
Ensuite, tout dépend également de la taille de la structure et de la présence ou non de personnels ayant les compétences nécessaires à l'élaboration du repas.
Dans le cas où le chef est seul : repas chips, sandwiches et assimilés. S'il dispose d'une équipe, préparation du repas prévu.

Réponse 2 :
Les limites règlementaires concernent, à mon sens, les taux de participation entre services (en particulier R2 et service général) mais ils sont obsolètes depuis la loi Raffarin. Et bien sûr, le montant des recettes (subvention de la CT).
Pour le reste, le budget doit être en équilibre.
Le gestionnaire doit avoir un entretien sérieux avec le CE pour lui rappeler que le budget doit aussi être sincère. A défaut, il peut être rejeté par les autorités de contrôle.
Si le CE ne comprend pas ou ne veut pas comprendre, j'exclus toute intervention au CA et m'y abstiens de commentaire. J'attends que les autorités de contrôle interviennent.
Dans le cas où le budget devient exécutoire (personne ne réagit), j'exécute à concurrence des chapitres, le bon fonctionnement de l'établissement s'arrêtera avec les budgets prévus.

Toutes ces réponses sont très théoriques.
En pratique, il existe beaucoup d'autres solutions.
En particulier pour la réponse 2, il est possible d'alerter discrètement les membres du CA qui ne sont pas forcément si idiots que ça, l'agent comptable ou directement le rectorat pour faire part du problème.
En cas de désaccord profond, on peut envisager le courrier au rectorat sous couvert du CE (avec copie en parallèle).
Mais dans tous les cas, j'évite l'opposition frontale avec le CE au cours du CA. C'est en général un jeu dangereux : gagner une bataille ne suffit pas à gagner la guerre.

Je ne suis pas médecin et donc incapable de déceler si mon agent est bien bourré ou s'il a une maladie qui présente des symptomes proches de la biture (et ça existe!)
je prends donc les mesures de préservation et de sécurité qui s'imposent en interdisant l'acces de l'agent à son lieu de travail et en appelant sans délai les secours, car il peut y avoir un réel risque physique. Seul l'examen d'un professionnel pourra démontrer que votre gâte sauce était beurré. Il conviendra alors d'effectuer le signalement à la DRH de la CT car c'est considéré, dans un premier temps, comme une maladie et/ou un signal d'alarme de difficultés pour l'agent.

Le restant de l'équipe popote prépare le repas et si pas compétence on "allège" le menu si possible pour que ce soit faisable et acceptable.

En aucun cas je commente quoi que ce soit aux agents, car si il ne s'agit pas d'un cas d'alcoolisme alors c'est le tribunal assuré après plainte du gugusse pour diffamation en public par personne ayant autorité(je l'ai déjà vu alors ne pas dire que c'est impossible), et ça fait mal.

Quant au budget, je ferais quelques recommandations au CE, au besoin par écrit, au titre de ma mission d'adjoint et de conseil, en suggérant un respect des taux imposés et en démontrant les risques encourus en cours d'année avec ses choix budgétaires. S'il maintient sa khonnerie c'est son pb, plus le mien, et je m'écrase en CA.

V.M.B a écrit:

En aucun cas je commente quoi que ce soit aux agents, car si il ne s'agit pas d'un cas d'alcoolisme alors c'est le tribunal assuré après plainte du gugusse pour diffamation en public par personne ayant autorité(je l'ai déjà vu alors ne pas dire que c'est impossible), et ça fait mal.

Il va de soi que la réunion à laquelle je faisais allusion n'est pas un tribunal où l'on déblaterre sur le collègue. Mais simplement l'occasion de rappeler à tous certaines obligations et consignes. Eventuellement d'expliquer la réaction de l'autorité que l'on représente. J'admet qu'il faut être très prudent et que cela peut facilement dévier ou se retourner contre l'initiateur.
Et surtout ne pas faire ça après l'apéritif et le repas au vin fin que le CE offre à l'occasion d'un évênement quelconque.

L'alcoolisme est une maladie : pas de honte, pas de fausse honte non plus. Celui qui m'attaquerait en diffamation sur un tel point, je lui rétorquerais que le contraire serait une non-assistance à personne en danger. Pour le reste, les réponses sont OK.

Sur le budget, toujours bien avoir à l'esprit que le chef c'est le chef, qu'il a toujours raison et s'il a tort se reporter au début de la phrase. L'agent comptable s'il n'est pas le gestionnaire peut être sollicité pour un conseil informel donné à l'ordonnateur.

Mais de toutes manières, un CE qui se mêle du budget, ça n'existe pas. C'est comme le cuisinier bourré le matin : en pratique c'est l'après-midi qu'il repart bourré, et du point de vue de la responsabilité du chef de service, c'est pire.

IZ, je te précise que l'attaque en diffamation n'a de sens QUE si votre lascar n'est pas bourré et a subit par axemple une "sorte de dégénérescence des fonctions cervicales", désolé je ne sais pas dire mieux, qui n'a rien à voir avec l'alcool.

Sinon et si c'est démontré, dire qu'un typa bourré était bourré n'a rien d'une diffamation car c'est la vérité!

L'intendant zonard a écrit:

Pour le reste, les réponses sont OK.

C'est bon, j'ai mon doctorat ès IZologie


Parait qu'AC du CROUS de Créteil est vacant... Avec un tel parrain, j'ai le poste.

tine284 a écrit:

Vous êtes gestionnaires en EPLE, le cuistot arrive manifestement alcoolisé, que faites-vous ?

Il faut croire que c'est un classique parmi les jury. J'ai eu la même question à l'oral de l'IRA, et je me suis fait sanctionner pour avoir tenté de trouver des réponses et remèdes tout seul comme un grand.

La réponse que le jury attendaient, car il me l'a précisé, fut celle-ci : "vous en référez immédiatement à votre supérieur hiérarchique". Point barre.

Etonnant, non ?

Poporc a écrit:

L'intendant zonard a écrit:

Pour le reste, les réponses sont OK.

C'est bon, j'ai mon doctorat ès IZologie


Parait qu'AC du CROUS de Créteil est vacant... Avec un tel parrain, j'ai le poste.

J'adore positivement ce forum. C'est vraiment le seul endroit au monde où il y a des gens qui font semblant de croire que j'ai une quelconque qualité professionnelle en-dehors de mon culot de cinglé et mon acharnement à obtenir gain de cause sur les détails les plus débiles.

les questions sont des réalités vécus par le jury;
oui l'alcoolisme existe, les bouteilles sous le frigo aussi

je n'en rajouterai pas, de multiples réponses sont là

Le CE c'est le chef !

GFC a écrit:

je me suis fait sanctionner pour avoir tenté de trouver des réponses et remèdes tout seul comme un grand.

La réponse que le jury attendaient, car il me l'a précisé, fut celle-ci : "vous en référez immédiatement à votre supérieur hiérarchique". Point barre.

Pas étonnant, navrant. Quand bien même on fait un rapport, il ne donne que rarement suite. Pas de vagues! Comme en Méditerranée. Des fois que la personne s'enchaîne aux grilles du rectorat et fasse la grève de la faim...

FG

fg a écrit:

Pas de vagues! Comme en Méditerranée. Des fois que la personne s'enchaîne aux grilles du rectorat et fasse la grève de la faim...

Si elle fait la grève de la soif aussi, tout va bien

C'est un jury, il attend des réponses standardisées et purement théoriques. La plupart d'entre nous sait que :
1 le chef n'est pas souvent disponible
2 qu'il se f... des problèmes des agents
3 tant qu'un prof n'est pas agressé, tout va bien
4 que l'intendant est là pour s'occuper de la m...
5 et que les vagues ne doivent pas être plus hautes que celle de son lavabo

Y'a même des fois où je me demande pourquoi j'ai choisi ce métier...

fg a écrit:

Pas de vagues! Comme en Méditerranée.

t'es gentil mais la méditérannée cela bouge un peu plus que l'étang de Sault à Montluçon

Pour les réponses à un concours ou au quotidien ce truc est au top

Marrant : les jurys vous posent toujours la question de l'agent alcoolique sous vos ordres et de l'attitude que vous adopeteriez en tant que n+1...
Jamais celle de votre N+1qui picole !
Et pourtant, statistiquement, ça existe aussi...

Gh

Merci Boz !

Bozinchu a écrit:

Pour les réponses à un concours ou au quotidien ce truc est au top (concours de langue de bois)

Quand j'étais jeûne, j'ai lu un excellent bouquin de Jean Epstein, le petit guide de conversation usuelle pour changer le monde sans fatigue, qui appliquait la même logique sur 200 pages. Si vous tombez dessus chez un bouquiniste, ne ratez pas l'occasion.

C'est quand même extraordinaire : 4096 phrases possibles, je me présente à la prochaine présidentielle...

Wouah quelle diversité dans les réponses... je suis passée devant le jury le 26.

Finalement je n'ai eu aucune mise en situation, je dis bien aucune c'était bien la peine de se mettre la rate au court-bouillon...

Les résultats sont demain soir. Je saurai si c'est ou si c'est

Merci à vous (on ne s'ennuie pas sur ce forum... c'est un enchantement permanent et puis ça dévie tout le temps sur d'autres trucs)