Quel sens dans l'action publique ?

Entre autre source, voici celle de la lettre Localtis sur cette enquête qui vient de sortir :

Le collectif d'agents publics Nos services publics a publié ce lundi 20 septembre une vaste enquête alertant sur la "perte de sens" éprouvée au travail par les fonctionnaires et contractuels, tous versants confondus.

Sur les 4.555 répondants à un questionnaire administré en ligne par le collectif nos services publics, "80% déclarent être confrontés 'régulièrement' ou 'très fréquemment' à un sentiment d'absurdité dans l'exercice de leur travail". Et ce, alors même que "la grande majorité déclare avoir rejoint le service public pour servir l’intérêt général".
Ce ressenti progresse avec l'âge : seuls 23% des moins de 30 ans affirment éprouver "très fréquemment" un sentiment d'absurdité, soit douze points de moins que chez les 50-59 ans (35%). Il est "lié avant tout à l'incapacité des agents à mener à bien les missions de service public pour lesquelles ils se sont engagés", explique le collectif. En se basant sur les témoignages des répondants, Nos services publics détaille cinq catégories principales de motifs qui engendrent la perte de
Sens : "Le manque de moyens, un défaut de vision, le sentiment de servir autre chose que l'intérêt général, le poids de la structure et le manque de reconnaissance." Le niveau de rémunération, à ce titre, pèse beaucoup moins que les "difficultés et entraves rencontrées par les agents pour mener à bien leur mission" (injonctions contradictoires, dysfonctionnements administratifs…).
Malgré ces difficultés, 52% des personnes interrogées déclarent rester à leur poste pour le service de l'intérêt général, et 50% pour l'intérêt des missions. Mais 37% des répondants justifient leur maintien dans la fonction par "la difficulté de changer", en particulier les enseignants, et 35% par "la stabilité de l'emploi".
Le questionnaire a été administré en ligne du 30 avril au 31 août 2021.  Parmi les répondants, ceux de catégorie A (2.805 réponses) sont surreprésentés par rapport à leur poids réel dans les effectifs globaux de la fonction publique. A l'inverse, les répondants de catégorie B (447) et C (294) sont sous-représentés. Les contractuels représentent 12% de l'échantillon. Et si l'Education nationale et le secteur de la santé sont fortement représentés, les témoignages recueillis montrent que les agents territoriaux ont eux aussi été relativement nombreux à répondre. "De réorganisations en désorganisations organisées, j'ai été transférée d'office sur un poste où je n'avais aucune connaissance (finances et comptabilités) alors que depuis 15 ans je travaillais dans une maison de quartier. Pas d'accompagnement, pas de formation, une hiérarchie 'destructrice' : j'ai fini par craquer au bout d'un an", confie par exemple une adjointe administrative en collectivité. Et d'autres sont plus alarmants encore (voir encadré ci-dessous).
Le collectif a transmis lundi les résultats de cette enquête à la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Amélie de Montchalin. "La priorité numéro 1 de son action est le sens des métiers du service public", assure le ministère. Si celui-ci garantit que les témoignages collectés seront étudiés en détail, il fait part de ses réserves sur l'interprétation globale des résultats, "la méthodologie choisie n'étant pas celle d'un sondage représentatif".
"Le nombre de réponses, le nombre de témoignages écrits recueillis et leur niveau de concordance sont néanmoins significatifs d'un sentiment de mal-être partagé chez les agents des services publics dans tous les secteurs, par tous les statuts et par tous les âges", estime pour sa part le collectif.

l'enquête

Dégoûtez les agents au fil des ans, faite en sorte que les services dysfonctionnent, et au fil du temps, les difficultés de recrutement dans des branches devenues peu attractives, les départs d'agents combinés au sentiment que "ça" ne marche pas, feront qu'ils pourront passer à l'étape suivante : la privatisation...un grand classique...
Alors ceux qui croient que nos dirigeants vont prendre en compte le constat que tout le monde fait pour inverser la tendance se mettent la poutre dans l’œil jusqu'au cervelet..

Cela me fait penser à une émission récente :

Les "jobs à la con" sont partout (et c’est à ça qu’on les reconnaît…)



" Il n’y a jamais eu de société dans l’histoire où les gens ont passé autant de temps à remplir des formulaires !" explique l'anthropologue David Graeber.

La perte de sens est ressentie aussi par bon nombre de salariés du secteur privé. Ce phénomène n'est malheureusement pas propre au secteur public...

La perte de sens n'est-elle qu'un éveil des consciences?

Chewbacca a écrit:

Alors ceux qui croient que nos dirigeants vont prendre en compte le constat que tout le monde fait pour inverser la tendance se mettent la poutre dans l’œil jusqu'au cervelet..

Plutôt d'accord avec cette idée tant que le citoyen votera pour des baisses d'impots.

Par contre je suis un fervent militant, du 'prenons notre destin en main' ! Investissons tous les domaines attendus, faisons parler de nous, rendons nous incontournables et vraiment indispensables !

En résumé : montrons que par rapport au privé nous apportons une solide valeur ajoutée et mettons là en valeur, car çà la ou le politique est prêt à l'entendre! Sous réserve qu'elle ou il ne soit pas trop arc-bouté.e sur une idéologie visant à privatiser les services publics partout où c'est possible.

Je vois ça surtout comme une perte de sens collectif au profit d'une individualisation et d'une personnalisation des services publics qui suivent une libéralisation accrue depuis plusieurs décennie (quoi qu'on en pense). La numérisation y participe également.

Après cela, à chacun d'y trouver un sens propre, plus personnel, à ses missions...

Atomisation voire pulvérisation de l'individu accentuant le vide de sens? Il n'empêche que ce constat de vide de sens fait du mal aux personnes et aux êtres humains.

Que ce soit un volonté de privatisation, de maintenir des personnes au travail pour qu'ils ne nuisent pas, une négligence,ou bien une absence d'idées, il y a de la souffrance et plus généralement de la frustration ce qui n'est jamais un constat positif dans une société démocratique. On aura beau "se battre" pour tenter d'améliorer le quotidien de ceux qui nous entourent en notre qualité de gestionnaires, nous avons en face de nous des mouvements d'une telle force et qui sont parfois insidieux, ou bien qui agissent par petits bouts et sur le temps long, que la volonté isolée ne sera pas suffisante.

C'est un constat négatif et pessimiste que je fais des tendances à venir car ce constat a vu bien avant des tendances similaires.

Je pense que c'est un changement de paradigme, négatif ou positif selon les points de vu et les ressentis.

Tous les organes un peu collectifs perdent de leur force : des services publics historiques puissants (EDF, france télécom, etc.) les différents corps des la fonction publique (à l'image de l'ancien corps des intendants, fondu maintenant dans dans le CIGEM interministériel), les syndicats, les agents d''état, remplacé par des agents de collectivité territoriales beaucoup plus mobiles, etc...

Maintenant nous parlons de mobilité, de parcours individuel, de transfert public/privé, de formation tout au long de sa vie, bref d'individualisation. D'un autre côté cela peut être vu comme chacun devant se prendre en main et est responsable des valeurs et du sens des missions qu'il effectue.

Normandie Gest' a écrit:

(...)Maintenant nous parlons de mobilité, de parcours individuel, de transfert public/privé, de formation tout au long de sa vie, bref d'individualisation.

Je suis bien d'accord.
Les citoyens ont oublié que seul on est rien contre le pouvoir.
Mais j'ai arrêté de me battre sur le plan collectif, les collègues m'ont trop déçus.

Nicolas a écrit:

Normandie Gest' a écrit:

(...)Maintenant nous parlons de mobilité, de parcours individuel, de transfert public/privé, de formation tout au long de sa vie, bref d'individualisation.

Je suis bien d'accord.
Les citoyens ont oublié que seul on est rien contre le pouvoir.
Mais j'ai arrêté de me battre sur le plan collectif, les collègues m'ont trop déçus.

Il faut passer de la déception à la colère... et à la lutte! Il n'y a pas d'autre chemin!

J'ai donné, je cède ma place