Je viens de lire le dernier article de la presse syndicale et je suis perplexe.
On nous parle d'épuisement professionnel, c'est vrai, mais j'ai l'impression qu'on "euphémise" beaucoup sur les causes et les conditions dans lesquelles apparaît cet épuisement.
En tout cas, sur le soutien de la hiérarchie (direction), c'est certain, car c'est le zéro intégral depuis des années. Il y aurait donc des collègues soutenus par leur CE ?
Ils se fichent complètement de ce qu'on vit !

Il existe dans le forum une rubrique malaise des gestionnaires pour ce genre d'échanges, mais pour d'évidentes raisons de tranquillité de la discussion, elle n'est accessible qu'aux utilisateurs enregistrés.

J'ai travaillé avec des chefs d'établissement très bien, pleins d'une authentique sollicitude, conscients de l'intérêt d'avoir un gestionnaire en état de marche dans leur bahut. Et d'autres. On euphémisera en disant que la formation des CE, et le positionnement des CE adjoints futurs CE, ne semble pas fortement insister sur la création d'un partenariat de qualité entre les personnels de direction et le personnel d'encadrement administratif que le ministère (très momentanément) met à leur service.

Notez bien que c'est à double sens. Je me suis toujours positionné comme un collaborateur de mon CE (et de mon SGA aussi, et désormais de mon DGS et de mon président) : quelqu'un qui doit autant que possible représenter une solution, pas un problème, et un soutien, pas un emmerdement de plus. Si j'avais touché un euro à chaque fois où j'ai dit à mon CE "faites-moi porter le chapeau si ça vous permet de préserver votre autorité/quant-à-soi", les chemises que je porte au taf seraient de soie, pas de coton.

C'est plus générale: lire le café pédagogique du jour qui en parle: http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2022/10/19102022Accueil.aspx

extraits: 
- "On constate un effondrement de la relation entre adultes, et à une défiance forte envers les hiérarchies. 78% des répondants ont exprimé l’idée qu’ils ne sont pas respectés par la hiérarchie hors établissement."
- "Autre surprise : la hiérarchie proche est elle-aussi beaucoup plus négativement perçue qu’en 2013, un bond de 14% d’insatisfaits, près de la moitié des personnels".
- "Dans cette enquête de victimation, le harcèlement moral ressenti a aussi fait un bond. Plus d’un enseignant sur cinq, contre un sur dix en 2013. C’est un indicateur sur la façon dont sont perçues les relations. La solidarité dans les équipes s’est aussi affaiblie."
- "Toute cela montre une montée de l’incivilité, qui n’est pas seulement de ne pas se dire bonjour, mais qui se caractérise par le repli sur soi, le repli dans son pré carré, dans sa classe. Les espaces publics - cours de récréation, escaliers, sont abandonnés par le collectif laissant ouverte la possibilité d’une violence qui monterait, c’est dangereux."
Éric Debarbieux :  


Spécialiste internationalement reconnu de la violence scolaire, ancien délégué ministériel chargé de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire et ancien Président de l’Observatoire International de la Violence à l’Ecole

L'intendant zonard a écrit:

Si j'avais touché un euro à chaque fois où j'ai dit à mon CE "faites-moi porter le chapeau si ça vous permet de préserver votre autorité/quant-à-soi", les chemises que je porte au taf seraient de soie, pas de coton.

J'ai du mal avec cette phrase. Tu présentes comme une forme de loyauté ce qui relève plutôt d'une  certaine soumission à de la maltraitance, peut-être précisément celle dont se plaignent les sondés.

Oxiane Recouvreur a écrit:

L'intendant zonard a écrit:

Si j'avais touché un euro à chaque fois où j'ai dit à mon CE "faites-moi porter le chapeau si ça vous permet de préserver votre autorité/quant-à-soi", les chemises que je porte au taf seraient de soie, pas de coton.

J'ai du mal avec cette phrase. Tu présentes comme une forme de loyauté ce qui relève de la maltraitance, peut-être précisément ce dont se plaignent les sondés.

En aucun cas : c'est moi qui disais ce que je pouvais tolérer en la matière, et ça allait loin, pour autant que cela soit fait avec complicité et respect à l'intérieur d'une équipe solidaire. Mais c'est vrai qu'il y a au contraire tout un tas de situations où j'ai été chargé, quand je ne m'y attendais pas, par un chef lâche et stupide, et y compris pour des choses sans aucune importance : je prenais note d'avoir affaire à quelqu'un de lâche et stupide, et cela modifiait nettement mon comportement par la suite.

Je partage la réponse de IZ. J'ai travaillé avec une perverses narcissique jusqu'à l'épuisement. Je travaille actuellement avec un super chef en toute confiance et loyauté mutuelle. Un pure bonheur !

J'ai corrigé mon message qui était confus mais comme d'hab : je pourrais parler en chinois mal traduit du russe, l'IZ comprendrait encore...

L'intendant zonard a écrit:

 "faites-moi porter le chapeau si ça vous permet de préserver votre autorité/quant-à-soi"

sérieux ? 

le rôle d'une hiérarchie est justement d'endosser, pas de déléguer, le chapeau

d'autant plus qu'ils sont normalement mieux armé en terme de langage (le blabla pour couvrir les conneries et dire des mensonges ils apprennent à la faire) et en terme de copinage supérieur (pour ne pas être jugé coupable)

pois a écrit:

L'intendant zonard a écrit:

 "faites-moi porter le chapeau si ça vous permet de préserver votre autorité/quant-à-soi"

sérieux ? 

le rôle d'une hiérarchie est justement d'endosser, pas de déléguer, le chapeau

d'autant plus qu'ils sont normalement mieux armé en terme de langage (le blabla pour couvrir les conneries et dire des mensonges ils apprennent à la faire) et en terme de copinage supérieur (pour ne pas être jugé coupable)

J'ai intégré depuis trèès longtemps que la considération et le respect des enseignants pour le gestionnaire sont des éléments totalement contingents et aléatoires : des gens qui me faisaient force risettes étaient les plus bruyants à se vanter en salle des profs qu'ils "me faisaient faire ce qu'ils voulaient", et/ou m'organisaient de superbes sessions de fait-accompli. J'ai parfaitement intégré qu'en EPLE le CE a tous les pouvoirs, a toujours raison, que tout ce qui va bien c'est grâce à lui et tout ce qui va mal c'est de la faute des autres, et du gestionnaire de préférence puisque personne ne le défendra jamais.

Comme l'autorité du gestionnaire ne procède que celle du chef, si le chef était attaqué, je l'étais tout autant. Aux échecs on sacrifie sans problème un pion pour éviter la mise en échec du roi. Je n'ai pas voulu être roi, alors qu'il existe depuis mon arrivée dans le métier des passerelles pour des administratifs souhaitant devenir perdir (j'ai du mal à imaginer ce qui se passe dans la tête de collègues pouvant avoir envie de franchir ce pont de singe), j'assume.

Aussi longtemps que je décidais de tenir bon dans cet environnement, j'acceptais cette servitude. Si le CE était menacé, il pouvait toujours désavouer cet abruti de gestionnaire-comptable. S'il le faisait à bon escient et en prenant la peine d'en parler avec moi, que j'eusse ou pas commis une erreur pouvant justifier la situation, ça ne m'affectait pas notablement. Quand il brûlait sa cartouche pour une khonnerie, et/ou qu'il en rajoutait en me passant un savon pour des bêtises plus ou moins imaginaires ou exagérées que j'aurais commises, là ça me foutait en rogne. Et quand je me foutais en rogne, j'obtenais à un moment ou à un autre une reddition du chef idiot, en privé, mais ça me donnait des assurances sur le fait que ça ne recommence pas.

A défaut, je me barrais : dispenser des formations, animer des réunions de gestionnaires, en groupe de travail au rectorat, en réunions du Greta, au syndicat, je fermais ma porte pour développer du MachinSCO pour OpenAcadémie, ou toute autre activité étrangère aux préoccupations immédiate d'un chef qui ne me méritait pas. Car la meilleure manière de prouver qu'on touche sa bille, c'est que tout fonctionne parfaitement même quand on est sorti. Et, à trois reprises, j'ai fait le grand jeu du départ, avec un message clair et net "n'importe quoi tant que c'est tout de suite pour me tirer d'ici". Et la paix royale jusqu'au moment où j'avais tiré la porte.