Bonjour,

J'envisage une mutation dans un lycée ZEP car géographiquement il correspond à ma situation du moment.
Je travaille déjà dans un établissement accueillant des élèves issus de quartiers sensibles mais pour autant mon établissement est bien situé en centre ville.
Ce qui m'effraie le plus c de vivre dans un lycée en ZEP pas d'y travailler, ça je sais déjà faire.

Pouvez vous me faire part de votre expérience personnelle.

Merci à vous.

Pour rien au monde, je ne mettrais les pieds dans l'un de ces quartiers qui sont peuplés de ****, il n'y a qu'à regarder le journal télévisé pour s'en rendre compte.

Tu as une famille ? Pense à la scolarisation...
Tu as une voiture ? Pense à l'assurance incendie...
Tu sors le soir ? Pense à t'abonner à des bouquets de chaînes...

  Et tu peux aussi tomber sur des élèves irrespectueux et peu travailleurs mais pas méchants, comme c'est mon cas. La ZEP ça veut pas dire aller bosser avec un gilet par balles ou vivre les volets baissés, dans le noir avec une batte de baseball à côté de la porte au cas où qqn sonne...
Mais bon, je suis du mauvais côté du périph, alors je n'ai peut être pas la ZEP la plus dur de France, mais ça bouge bien... (et puis les prof sont plus en première ligne que nous)...

C'est parfois moins pire que ce qu'on imagine... et en même temps c'est comme la compta de certains ER : un étonnement sans cesse renouvelé.

Si tu as des enfants qui vont être scolarisés dans le coin, réfléchis bien.
Si tu n'en as pas encore, demande toi si tu as l'intention de procréer dans les 3 ans qui viennent
Si tu n'en as plus, bah t'es tranquille.
Si ta voiture porte le numéro d'un département lointain, fais changer tes plaques.
Si ton logement de fonction a une terrasse, vérifie son accessibilité de l'extérieur.
Si ton logement est en rdc, vérifie s'il y a une alarme anti intrusion.
Si tu vas chercher un café, ferme ton bureau à clef
Si ton bureau a une fenêtre qui donne sur la rue, ne laisse pas ton sac à main en évidence.
Si tu sors en voiture, mets ton sac à main sous tes genoux
Si tu as ton teléphone portable, laisse le dans ta poche en mode silencieux.
Si tu sors faire une course dans le quartier, ne prends pas de sac à main, ni de carte bleue.

Et si tu fais tout ça, il ne t'arrivera peut-etre jamais rien !

Un poste en ZEP, c'est l'horreur !!
Les vitres des logements de fonction cassées tous les jours, l'insécurité permanente !
Quelle idée !!

C'est vrai qu'il a "ZEP" et "ZEP", aussi je te conseillerais surtout de bien de renseigner sur le poste et sur la localisation du logement de fonction;
J'ai travaillé dans le 93 10 ans dont 6 ans dans un collège classé ZEP, et ce n'était pas si terrible.
Mais je suis originaire de région parisienne je connais les codes de ses quartiers et j'ai choisi mes établissements. Toutefois la personne qui m'a remplacé sur mon dernier poste, débarquée directement de province, a failli tout plaquer au bout de quelques mois, et s'est quand même fait agressée assez violemment dans la quartier.
Mais à l'époque j'étais célibataire sans enfants, ma position aurait surement été différente si j'avais eu des enfants à scolariser (ce qui aurait été fait dans le privé le cas échéant, pour contourner la carte scolaire, je n'ai pas honte de le dire). Et il ne faut pas se leurrer c'est la solution trouvée par de nombreux collègues (administratifs ou profs).

Tiens, c'est intéressant de lire que des collègues de tout bord (statutaire) scolarisent leurs enfants dans le privé...
Même chose par ici, un seul collège jugé franchement correct sur 10 (plus un autre, mais bon, faut voir).

S'il y a un indice de l'échec de l'école de la république, il faut le voir là, dans la défiance à son propre égard des personnels chargés d'y travailler.

La ZEP, j'y ai débuté, travaillé et habité. Et la mienne n'était pas triste.
Point de vue boulot, c'était pas bien différent des autres EPLE, avec les particularités liées au contexte. Mais en tous cas très formateur.
Point de vue vie sur place, moi j'ai de la chance: j'ai pas d'a priori. Mon fils y est né, il a été à la crèche bien mélangée du coin, et s'il avait fallu le scolariser ensuite (je suis parti entre-temps), ça aurait été naturellement dans le secteur en primaire, voire plus tard dans mon collège. Sans doute, ça n'aurait pas été facile tous les jours. Mais je ne vois pas en quoi ça aurait par principe obéré ses chances de réussite pour la suite.

Je connais très bien en RP le cas d'enfants de famille (très) aisée ayant contourné à l'époque la sectorisation pour être scolarisés dans la commune (très) chic voisine; après quelques redoublements, actuellement ils sont un peu en dérive, bac raté, en recherche peu motivée de petits boulots. Comme quoi c'est plus la manière dont on élève les gosses qui importe que l'environnement qui "déteint".

Par contre, oui, vivre dans une zone ZEP, c'est pas marrant et pesant à la longue; encore plus si le secteur est devenu un peu ghetto faute d'un maillage avec les transports en commun (c'était le cas pour moi).
Après, si on a l'esprit ouvert, c'est comme partout: y'a des gens biens et y'a des cons. Comme les origines, c'est très partagé...

N'exagérons peut-être pas... depuis quelques années dans un collège en zep dans un collège au cœur d'une cité bien sensible (on doit avoir droit à tous les sigles stigmatisant possibles), j'ai pas non plus l'impression de vivre en enfer, au travail comme au logement de fonction. Oui on prend des réflexes (fermer la porte du bureau à clef même pour une absence de 30 secondes), mais de la à hurler à l'invasion barbare faut peut-être pas pousser...

Bah non, on n'est même plus en sécurité dans nos propres bureaux, faut pas exagérer...

Non c'est sur que travailler en ZEP c'est tout à fait faisable et que parfois cela a même des cotés agréables, certains gamins sont très attachants et l'on a plus souvent qu'ailleurs l'impression de servir à quelque chose. De plus j'y ai rencontré des équipes pédagogiques de haut niveau, très impliquée dans la vie de l'établissement et des personnes de qualité.
Mais ce n'est pas non plus le monde des bisounours, et je pense qu'il faut aussi le dire à notre collègue qui s'interroge sur son futur choix de mutation.
Ainsi en 10 ans, je me suis fait cambrioler 1 fois et vandaliser ma voiture 2 fois (ça par contre c'est important toujours assurer ses véhicules tout risque), nous avons du faire évacuer les membres d'un conseil de discipline sous la protection de la police (en moyenne 20 conseils de discipline par an), les journées portes ouvertes se passaient sous la protection de vigiles, .....
Une vie professionnelle totalement différente de ce que je vis ici dans mon lycée d'une petite ville de province (aucun conseil de discipline depuis plus de 15 ans, très peu de dégradations), mais ou parfois l'on s'ennuie un peu.

Importants dans ma réflexion pour cette mutation, qui je le souhaite doit être une mutation choisie et non subie.
Je suis peut être utopique mais vu que l'établissement dans lequel je postule relève du dispositif Eclair, et que les postes sont profilés, je me dis que nous y allons par volontariat et que l'ambiance doit s'en ressortir.
Bon j'ai bien noté pour l'assurance tous risques, glop glop
et la fermeture du bureau.

J'attends d'autres témoignages si possible, et encore merci

il y a quelques années la Marmotte fut GM en ZEP; je dus utiliser mes compétences d'instructeur national de combat corps à corps (close combat pour le British!) pour sauver le PA qui, épais comme un casse- dalle de la seuneuceufeu, se faisit agresser très violemment et physiquement par deux élèves.
J'ai "neutralisé" les gaillards (il était temps car c'était au minimum hosto prolongé garanti) et n'eu aucun ennui.
s'il y a des gamins "attachants" il y a aussi et plus encore de vrais "malfaisants".
l'expérience est sympa quand même si on n'a pas les jetons et si on prend quelques précautions essentielles.

Mais puisqu'on vous dit qu'il ne faut pas discriminer !

Laissons leurs illusions aux collègues assez naïfs pour aller travailler "là-bas", ça nous fera moins de concurrence pour les établissements (en principe) plus vivables !

PS: Peut-on ouvrir la chasse aux canards, je commence à avoir la nausée avec ces volatiles qui dansent sur l'écran ?

J'ai travaillé un an dans un lycée "zone violence" de l'académie de Créteil. Nous avons même eu les "honneurs" de la presse nationale cette année, pour des événements pourtant peu glorieux.

J'ai par exemple gardé un souvenir cauchemardesque du cross du lycée. Des jeunes démontaient en direct le "barnum" (des mains surgissaient et défaisaient les noeuds de la "tente" !) où je distribuais les barres céréalières et les berlingots, volaient la nourriture, crachaient sur certaines jeunes filles qui finissaient le cross juste après la ligne d'arrivée, etc.

A part cela, j'ai été insulté "seulement" 1 fois et j'ai hurlé une ou deux fois sur des lycéens vraiment irrespectueux avec une de mes secrétaires.

Je confirme les propos des collègues pour le bureau fermé à clé : même pour 30 secondes d'absence, dans l'établissement en question, il fallait fermer à clé car sinon les choses disparaissaient très très vite.

Quant aux dégradations sur les véhicules, je confirme également.

Sans parler de quelques agressions physiques, dont une traumatisante sur un jeune prof venu de province, de portefeuilles volés à des vieilles dames retrouvés dans la cour du bahut, etc.

Pour ma part, ayant vécu toute ma vie en banlieue parisienne et résidant à cette époque dans une cité HLM, je n'ai pas été plus surpris que cela et j'ai un gabarit à peu près correct. Cependant, pour quelqu'un qui n'est pas habitué à vivre dans un tel environnement, cela peut je pense devenir très très pénible.

En gros, on vous demande, si vous allez vivre dans cet environnement particulier, de vous habituer à des choses que vous n'auriez pas souhaité subir en temps normal.
A moins que ...

En gros on vous demande d'être l'un des derniers fonctionnaires à exercer son métier dans ces secteurs, et à permettre, à votre niveau, avec vos moyens, de leur rendre une normalité, et non pas à accepter ce qui est inacceptable. 
Ce n'est pas l'enfer à priori, je préfère un poste dans ces coins, avec un bon CE, qu'un bon collège au bord de la côte avec un crétin comme chef.
C'est pas non plus le monde des bisounours, ça c'est évident. Ça tient trop souvent du sacerdoce, c'est vrai aussi. C'est néanmoins formateur, ça donne un sens à vos heures de travail, et ça permet aussi d'engranger des primes non négligeables qui compensent un peu notre salaire pas folichon.

Bref c'est un choix qu'il faut pouvoir faire en toute connaissance de cause, et ne pas subir, sinon là oui ça peut être le casse-pipe.

delacôte a écrit:

Mais puisqu'on vous dit qu'il ne faut pas discriminer !

Laissons leurs illusions aux collègues assez naïfs pour aller travailler "là-bas", ça nous fera moins de concurrence pour les établissements (en principe) plus vivables !

Ca veut dire quoi ces propos tendancieux? Que rien ne doit être fait pour personne en raison du comportement de certains? Que ceux qui ont pour seul problème d'être en des lieux qu'ils ne peuvent pas quitter n'ont pas droit au même traitement que le reste de la population? Qu'est ce que tu en connais du là-bas que tu écartes avec de méprisantes apostrophes?

Bonjour,

Je me reconnais dans de nombreux témoignages de collègues. Aprés, il y a ZEP et ZEP. J'ai eu l'occasion de travailler 5 ans dans une ZEP en région parisienne (GM collège 800 avec SEGPA), mon 1er poste sortant du concours externe, et de ma province...le choc. Je regrette de n'avoir pas pris le temps de tenir un journal. Je ne peux que confirmer les propos précédents: bureau fermé à clef, voiture TOUJOURS au garage et immatriculée 95, ne jamais sortir avec portable et porte feuille aprés une certaine heure...et j'en passe. Beaucoup d'actes (graves) de violence entre élèves du collège, des réglements de compte entre bandes. Des collègues enseignants se faire voler,  agresser physiquement, des dégradations à n'en plus finir, des insultes en veux tu en voilà, des voitures brulées sur le parking du personnel, les logements de fonction canardés (par de grosses pierres et  divers autres matériaux), et même une partie de l'établissement en feu: pendant un Conseil d'Administration, 4 jeunes (16 ans) ont défoncé le portail avec une voiture bélier et mis le feu...et au milieu de tout ça des gamins qui essaient de s'en sortir. Je pourrais en raconter des tonnes. Points positifs: c'est trés formateur, ça m'a appris à relativiser beaucoup de choses. Il y avait aussi une grande motivation, une grande solidarité entre TOUS les personnels, et c'est certainement ce que je regrette le plus aujourd'hui. Voilà, j'étais jeune, sans enfant, et motivée. Aujourdh'hui, je ne retournerai là bas pour rien au monde, rapport à la qualité de vie.
Aprés, je connais des collègues gestionnaires dans des ZEP en province qui n'ont jamais connu ce que j'ai vécu. Il faut bien se renseigner sur l'établissement.

LMDV,

Qui es-tu pour m'interpeller de manière aussi véhémente ?

Je m'exprime normalement,sans agresser personne.
Si le fond de mon discours ne te plaît pas, tant pis...

Je me permets de réagir par rapport à ce que je vois et entends quotidiennement, n'habitant ni "Boboland" ni la quiète campagne limousine.

Et je suis les informations, et je lis ce qu'écrivent les collègues.

Et j'ai vécu bien des années en banlieue et dans des "quartiers".

Et et et...j'en ai un peu assez du discours convenu qui pourrait laisser des collègues se fourvoyer dans des endroits où ils ne trouveront pas grande satisfaction.

Sur ce , bonne fin de semaine à tous.

delacôte a écrit:

Et j'ai vécu bien des années en banlieue et dans des "quartiers".

Et et et...j'en ai un peu assez du discours convenu qui pourrait laisser des collègues se fourvoyer dans des endroits où ils ne trouveront pas grande satisfaction.

Pour information, même le XVIème arrondissement de Paris a des quartiers.
A discours convenu, discours convenu et demi.