2 profs par classe

Je viens d'écouter l'émission "A vous de juger" d'Arlette Chabot au cours de laquelle notre ancien ministre Luc Ferry a émis une idée absolument GENIALE contre la violence à l'école (d'ailleurs, d'autres participants ont surenchéri favorablement sur le thème... ) :

Il faut mettre deux profs devant la classe pour que ceux-ci se soutiennent mutuellement.

Petite remarque incidente (dans un contexte de non remplacement d'un prof sur deux):
- cela implique de regrouper deux divisions (env 60 élèves) dans une seule salle et, donc, de reconstruire tous les établissements concernés en fonction de la nouvelle capacité demandée aux salles.
- en alternative, on peut aussi multiplier par deux le service hebdo des profs, mais à salaire égal vu le contexte budgétaire connu (et abondament rappelé au cours de l'émission).

Mais j'ai l'esprit mesquin d'un gestionnaire et je ne sais aborder les problèmes que sous leur angle comptable...

J'ai également entendu dans la même émission, que certains CE ne prennent pas leurs responsabilités devant la multiplication des actes d'incivilités ou de manquements au règlement intérieur. C'est bien à entendre, mais malheureusement le GM est toujours absent de ces émissions. Il est urgent que nos représentants, ici ou là, exigent l'organisation d'un état des lieux, voire d'un grenelle, de l'intendance.

Le Keynésien a écrit:

J'ai également entendu dans la même émission, que certains CE ne prennent pas leurs responsabilités devant la multiplication des actes d'incivilités ou de manquements au règlement intérieur. C'est bien à entendre, mais malheureusement le GM est toujours absent de ces émissions. Il est urgent que nos représentants, ici ou là, exigent l'organisation d'un état des lieux, voire d'un grenelle, de l'intendance.

je suis peut être rabat joie, mais le terme "grenelle de " a tellement été galvaudé qu'il ne cache en général que la volonté plus ou moins consciente de faire passer une voire plusieurs pilules dures à avaler.. avant on faisait une commission parlementaire quand un souci arrivait, aujourd'hui on fait un grenelle.

ceci dit, sur le fond je suis entièrement d'accord avec toi. mais intéresse-t-on encore nos hiérarchies respectives ? au moment où la moitié des agences comptables sont supprimés plus ou moins sauvagement, dans le même temps les CT lorgnent sur notre positionnement de bâton de chaise vis à vis des atos (ici, on n'est même plus le N+1 pour les évaluations, c'est dire... et j'en passe).. et je ne parle même pas du positionnement "membre de la direction", terme que je me refuse d'employer quand je vois le comportement de certain(e)s à notre endroit..

on n'était déjà pas nombreux, mais force est de constater que ça ne va pas en s'arrangeant..

Moi j'ai bien une suggestion pour combattre la violence scolaire : qu'il soit raisonnablement envisageable d'aller porter plainte quand ça semblerait nécessaire. J'ai vu un de mes voisins quasiment rouler sur la poussette de son enfant puis cogner sur sa femme en pleine rue, et j'ai été menacé et bousculé pour avoir osé intervenir : j'ai passé plus de deux heures au commissariat avant qu'on me dise avec un charmant sourire que non décidément personne ne pourrait s'occuper de moi, mais je pouvais sacrifier une ou deux journées de travail encore avant d'espérer que ça arrive.

Un gamin se fait détruire la main par un autre qui a eu un petit geste d'énervement, il ne pourra plus suivre les cours d'atelier pendant un mois et ne le sait pas encore, mais il aura mal toute sa vie : non, les parents de la victime ne vont pas porter plainte. Un élève falsifie des documents de l'établissement, de débrouille pour comparaître seul devant le conseil de discipline, et quand je dis au CE que le seul moyen d'avoir un espoir que les parents soient informés de ce qui s'est passé, c'est de porter plainte, on me répond " pas de double peine".

C'est une digression mais pour qu'on ne vienne pas me chercher : pas de double peine, OK, sauf que si j'étrangle un élève, je serai révoqué ET envoyé en tôle, non ? Pas de double peine, mais qui a dit que la sanction éducative d'un conseil de discipline était une peine ? Qui a dit que le dépôt d'une plainte auprès des services de police, et la procédure qui a de petites chances de s'ensuivre, serait une peine ?

Bref, quand le ministère de l'intérieur fera un tout petit peu le boulot, on pourra envisager de critiquer l'EN, mais là ça commence à vraiment m'énerver sérieusement, cette pseudo-violence scolaire qui est avant tout l'impunité totale dans une société qui n'offre plus aucune protection (je ne parle pas du scooter du prince Jean ou de la lutte contre la dissémination de rumeurs désobligeantes, qui évidemment sont une priorité de la Nation)

Les services de police et de gendarmerie se plaignent de la dictature des chiffres qu'on leur impose et certaines plaintes sont moins intéressantes en termes de "résultat", donc on dissuade.
Mais le procureur peut toujours accepter la plainte, non ?

Non, le procureur doit instruire il me semble.
En même temps je ne suis pas un spécialiste de pénal... Mais je conseille toujours de saisir le proc, ça incite à enquêter rien que parce que la personne qui le fait "a les codes" et donne l'impression qu'elle sait précisément ce qu'elle fait.

Le Forgeron a écrit:

Non, le procureur doit instruire il me semble.
En même temps je ne suis pas un spécialiste de pénal... Mais je conseille toujours de saisir le proc, ça incite à enquêter rien que parce que la personne qui le fait "a les codes" et donne l'impression qu'elle sait précisément ce qu'elle fait.

Petite précision, la plainte au procureur est obligatoirement traitée, mais pas toujours instruite : il peut y avoir classement sans suite (motivé), citation directe au tribunal de grande instance, ou instruction donnée à un juge idoine (affaires complexes en général). enfin, le procureur peut proposer des mesures alternatives aux poursuites (vous savez, par exemple, les fameux "rappels à la loi" qui ont un effet boeuf sur nos chérubins multirécidivistes de moins de 15 ans ...... )

donc en l'absence de réaction de la police ou de la gendarmerie, la plainte auprès du procureur, même classée sans suite, aura un tout petit peu plus de poids (surtout s'il y a beaucoup d'affaires similaires) au cas où, dans un futur lointain et improbable, il serait décidé d'une action véritable ???

En fait, dés lors qu'il y a une plainte contre personne dénommée, les services de police sont tenus d'entendre cette personne avant de transmettre le dossier au procureur qui décide s'il y a lieu de poursuivre.
c'est cette comparution (et la rétention administrative qui va avec) qui peut avoir une utilité , parce que le procureur se prononce sur pièces et ne reçoit pas les personnes